Politique, religion et constructions étatiques (XIe–XVIe/XIXe siècles)

Glossaire

A
Aghlabide

Dynastie arabe issue de la tribu des Banu Tamim et établie au Maghreb. Entre 800 et 909, sont autorité s'est étendue sur la partie centrale du Maghreb, le sud de la péninsule italienne et les îles (actuelles Sardaigne, Corse, Malte et Sicile). Fidèles à la dynastie abbasside, ils ont ensuite proclamé leur indépendance.

‘Ammiyya

Ce terme qualifie les mouvements ruraux que connaît le Mont-Liban au XIXe siècle. Le rassemblement des paysans se traduit par des revendications sociales codifiées dans des manifestes prônant la défense de l'intérêt public, si besoin par la force. Ces soulèvements se répètent en 1820-1821, 1840 et 1858-1859.

Anabaptistes

L'anabaptisme, ainsi nommé parce qu'il n'accepte pas le baptême des enfants, est un aboutissement extrême du mouvement instauré par Luther. Ses adeptes attendaient la fin du monde dans la fraternité, l'égalité, l'absence de possessions terrestres, le refus du serment ainsi que toute participation à la vie politique. Les plus radicaux furent éliminés par les armes, tandis que les plus pacifiques subsistent encore de nos jours sous diverses formes.

Ancien Régime

En France l'Ancien Régime correspond à la période antérieure à 1789 sous gouvernement monarchique.

Andalousie

Terme actuel utilisé en référence au terme arabe al-Andalus, utilisé au Moyen Âge, dans le monde arabo-musulman, pour désigner la péninsule Ibérique et les pouvoirs musulmans qui la gouvernaient. Dans ce contexte, le terme désigne la région du sud de la péninsule Ibérique conquise au XIIIe siècle sur le califat almohade.

Assabiyya

Al-assabiyya est un principe fondamental de la théorie d'Ibn Khaldoun : c'est le lien humain déterminant dans la société dite bédouine, c'est-à-dire le fondement tribal initial à partir duquel il est possible de constituer un Etat au Maghreb.

Association jurée

Des artisans de même spécialité forment une association jurée qui a pour but de défendre leurs intérêts et dont les membres sont liés par un serment d'obéissance au groupe.

B
Bailli ou sénéchal royal

Officier royal qui exerce localement des fonctions judiciaires, financières et militaires.

Baraka

Bénédiction.

Bataille

Groupe de combat formé de chevaliers.

Bay'a

La bay'a est un acte d'allégeance, initialement entre l' « Imam » et l'Umma, défini comme un principe coranique. Il devient un contrat juridique et social entre ar-rai « le Prince des croyants » et ar-ria le « peuple »

Bénéfice

Charge ecclésiastique et revenu qui y est attaché.

Biens ecclésiastiques

Définition. Voir partie III, chapitre 1

Bourgeois

Les Bourgeois sont des étrangers ou des Habitants qui accèdent officiellement à la bourgeoisie moyennant finance ou service rendus à la ville. Leurs descendants sont citoyens. Ils possèdent les mêmes droits politiques que les citoyens à l'exception de l'éligibilité au Petit Conseil.

Bourgogne

Duché de Bourgogne, dont la capitale se situe à Dijon. Les ducs, issus d'une branche cadette des Capétiens, sont de grands féodaux de la France de Philippe le Bel. À distinguer du comté de Bourgogne, plus à l'est, dont la principale ville est Besançon, et qui dépend de l'Empire germanique.

C
Caïd

Titre désignant le représentant du pouvoir central dans la campagne, son rôle est de sauvegarder l'autorité et la sécurité. Dans la société marocaine, cet agent est un élément permanent.

Caïmacamat

Régime qui divise la montagne en deux districts ou territoires : un chrétien et l'autre musulman. Chaque caïmacamat comprend un conseil mixte composé des représentants des différentes communautés religieuses, sur une base proportionnelle.

Canossa

Pour obtenir le pardon du pape, Henri IV franchit les Alpes à marche forcée pour rencontrer le pape réfugié au château de Canossa. Pendant trois jours, l'empereur se rend au pied du château en vêtement de pénitent, pieds nus dans la neige (25-27 Janvier). Le pape n'a d'autre possibilité que de le recevoir et de lui donner l'absolution le 28 janvier, contre la promesse de venir en Allemagne régler lui-même le différend entre les princes et le roi. Les Grands décident de passer outre le pardon pontifical et élisent, le 15 mars, Rodolphe de Rheinfelden.

Cantons suisses

La Suisse est une confédération composée d'Etats appelés « Cantons ».

Capucin

1626 est une année décisive pour les missions des capucins en Orient, religieux qui s'inscrivent dans l'héritage de François d'Assise. Partis de Constantinople, ils s'installent à Beyrouth près des halles du Souk Nourié, dans une vieille masure appartenant aux maronites. D'abord chapelains des « Francs » (du nom donné à ceux qui viennent d'Europe), ils trouvent bientôt à la tête d'un grand établissement. Fakhr al-Din exprime sa volonté que celui-ci soit un collège et non un séminaire. La paroisse est organisée en 1631, le père Adrien de la Brosse en devient le premier curé.

Castille

Comté puis royaume chrétien de la péninsulaire Ibérique, situé sur la meseta septentrionale, dont les capitales sont Burgos et Tolède. Il domine le nouvel ensemble issu de l'union de la Castille et du Léon (1230) puis de la conquête de l'Andalousie (1228-1248), qui prend le nom de « couronne de Castille ».

Chambellans

Officiers chargés du service de la Chambre du roi.

Chambre des Communes

Une des deux chambres du Parlement anglais, composée de représentants des comtés et des villes.

Chambre des Comptes

Organe central de contrôle des comptes, uniquement des revenus du Domaine royal à partir de 1390.

Chapitre cathédral

Le chapitre cathédral est un conseil de clercs appelés chanoines qui sont chargés de rendre un culte solennel dans une église cathédrale. Ils possèdent une autorité juridique suffisante pour délibérer des affaires de l'Évêché le cas échéant

Cheikh chabeb

« Le plus vénérable parmi les vifs » ; « le maître [ou le chef, ou le plus fort] parmi les jeunes ». Dans ce contexte, l'expression désigne le chef des jeunes d'un village ou le « jeune dans la force de l'âge ».

Cheikhs

Chef de la tribu. Étymologiquement, le terme signifie l' « ancien » ayant acquis expérience et savoir, ce qui correspond notamment à des milieux marqués par la transmission orale.

Chérifisme

Le chérifisme, vient du mot sharif, qui désigne la descendance du Prophète Muhammad dans la tradition musulmane. Mais, comme mouvement, le chérifisme est lié à la politique des souverains mérinides qui utilisent cette carte à des fins politiques. Le chérifisme prend, dès lors, un aspect essentiellement idéologique.

Citoyens

Les Citoyens jouissent des droits politiques et peuvent accéder à tous les métiers. Ils sont nés à Genève de père Citoyen ou Bourgeois.

Civitates et Regna

« Les villes et le royaume », en latin. Ces termes prennent parfois le sens d'« État » au XIIIe siècle.

Collation

Droit de conférer un bénéfice ecclésiastique.

Compagnie

Troupe de soldats ayant à sa tête un capitaine.

Concile d'Hohenaltheim

Dès son accession au pouvoir en 911, Conrad I se retrouve en butte à l'hostilité des Grands, qui entendent bien lui faire comprendre qu'il ne peut prétendre gouverner au-dessus d'eux. Face à cette révolte généralisée, Conrad bénéficie du soutien sans faille de l'Eglise. Un synode réuni à la hâte en 916 à Hohenaltheim (Bavière) menace les rebelles des sanctions ecclésiastiques (excommunication) en vertu de l'obéissance due à l'autorité royale, mise ainsi sur le même plan que la soumission au pouvoir divin.

Concile de Trente

Tenu par intermittence entre 1545 et 1563 à Trente (Italie du Nord), ce concile marque l'apogée de la Contre-réforme, ou Réforme catholique, menée par la Papauté. Le texte français du catéchisme de Trente est disponible à l'adresse http://catechisme.free.fr/cat1_sommaire.htm ; ici : chap. 32.

Conciliarisme

Doctrine qui estime que dans l'Eglise catholique le concile œcuménique a une autorité supérieure au pape.

Concordat

Traité entre un souverain et le pape. Celui de Bologne est conclu en 1516 entre François Ier et le pape Léon X, il donne au roi de France un pouvoir sur l'Eglise de son royaume que ne possède aucun autre souverain.

Confessionnel

Le christianisme occidental (d'héritage latin) se distingue dès le XVIe siècle en plusieurs branches appelées confessions : le catholicisme (autour de Rome), le protestantisme (principalement d'obédience luthérienne ou zwinglio-calvinienne), l'anglicanisme (en Angleterre). La confessionnalisation du territoire européen caractérise la seconde moitié du XVIe siècle.

Connétable

Chef de l'armée royale en l'absence du roi.

Conseil des Deux-Cents

Composé de Citoyens et de Bourgeois, il se réunit une fois par mois, il choisit les membres du Petit Conseil, il traite les affaires que cette instance lui soumet et il en adopte les lois.

Conseil Général

Il est composé des Citoyens et des Bourgeois de sexe masculin et de plus de 25 ans. Les membres du Conseil Général ont le droit de vote et sont éligibles. Le Conseil Général élit les syndics et le lieutenant de justice, les auditeurs et le procureur général.

Consistoire

Le Consistoire se compose de laïcs (les « anciens » choisis parmi les membres du Petit Conseil) et de pasteurs. Investi d'un rôle de surveillance et de contrôle disciplinaire, il se réunit sur une base régulière et convoque ceux qui doivent être exhortés et réprimandés quant à leur foi.

Contre-Réforme

La « Contre-Réforme » désigne l'aspect agressif de la régénération du catholicisme après le concile de Trente. Pour désigner son aspect spirituel et institutionnel, on emploie plutôt le terme de « Réforme catholique ».

Cordoue

Ville d'Andalousie, capitale du califat omeyyade (929-1031), construction politique musulmane puissante d'al-Andalus.

Corona

« La couronne », en latin. Ce terme commence à être employé au XIIIe siècle dans le sens d'« État ».

Cortes

Assemblée « représentative » de la couronne de Castille, équivalent des États du royaume de France, ou du Parlement anglais.

Cujus regio, ejus religio

Littéralement, « à chaque souverain sa religion ».

D
Décalogue

Les "dix commandements" tels qu'énoncés dans la Bible hébraïque en Exode 20 ou Deutéronome 5.

Décime

Contribution exceptionnelle d'un dixième en vue de la Croisade, levée sur les bénéfices ecclésiastiques par le pape, mais détournée par les rois.

Diète

Réunion des représentants, élus suivant des modalités diverses, des « Etats » de l'Empire germanique.

Diète fédérale

Assemblée des représentants des cantons (un ou deux délégués par canton). La Diète fédérale ne repose pas sur des liens de vassalité mais sur un système d'alliances librement jurées entre les communes. L'appartenance à la Diète et les alliances imposent des obligations d'assistance et d'arbitrage.

Diocèse

Circonscription ecclésiastique dirigée par un évêque.

Droit canon ou canonique

Droit de l'Eglise concernant la foi et la discipline, constitué à partir des décrets conciliaires et pontificaux édictés depuis le IVe siècle.

Druzes

Adeptes d'une doctrine chiite, dérivée de l'ismaïlisme et dotée de textes de références spécifiques. Ils s'organisent sous le régime des Fatimides, au XIe siècle. L'ésotérisme de l'enseignement s'articule autour du calife al-Hakim identifié à l'intellect universel ou 'aql. Les premiers personnages qui prêchent la nouvelle doctrine sont Anushtegin al Darazi (d'où le terme « druzes »), Turc, et Hamza ibn ‘Ali d'origine perse. La mort du calife en 1021 a pour résultat de faire disparaître d'Egypte le mouvement qui se répand auprès des paysans du mont Hermon. Les druzes constituent une communauté fermée, ayant leurs coutumes propres. La communauté divisée en « sages » (uqqal-s) et en « ignorants », les premiers étant tenus d'observer sept commandements. Les druzes conservent certains éléments du culte musulman, mais ils tiennent des réunions secrètes dans des lieux de culte particuliers. Ils attendent la réapparition d'al-Hakim et de Hamza qui doivent établir la justice en ce monde. Les druzes se développent surtout au Mont-Liban où quelques familles telles que les Tannoukhs-Buhturs s'installent sur les hauteurs de Beyrouth et s'illustrent dans la lutte contre les Francs. Les Maan établissent une réelle dynastie avec l'avènement des Ottomans, agrègent les familles notables telles que les Joumblatt, les Arslan, instituent un émirat au Liban et dans certaines régions limitrophes et associent les chrétiens aux besognes du régime. Sous les Chehab, les familles notables gardent leur pouvoir sur leurs districts devenus mixtes. Le conflit égypto-ottoman et l'ingérence des puissances européennes rompent l'entente entre les druzes et les maronites et amènent la chute de l'émirat en 1840. Une partie de la communauté s'installe au Hauran en Syrie au XIXe siècle et parvient à tenir tête aux Turcs à la veille de la première guerre mondiale et au mandat français entre 1925-1927. Elle donne son nom à la région qui s'appelle Jabal al-Duruz et joue un rôle déterminant à chaque tournant de l'histoire de la Syrie. Une autre communauté se développe en Palestine et pactise avec l'Etat d'Israël où les druzes sont seuls mobilisables parmi les Arabes dans l'armée. Les trois communautés ont leur propre hiérarchie spirituelle avec une reconnaissance de la primauté libanaise et entretiennent entre elles et avec la diaspora une solidarité exemplaire.

E
Echiquier

En Angleterre, nom de l'administration financière.

Élection

Circonscription financière pour les impôts directs.

Emir

Prince, titre qui dérive du verbe arabe amara qui veut dire « commander », « ordonner ». Il est attribué, dans les systèmes tribaux, au chef du groupe (tribu, mouvement religieux). Mais le sens prend de nombreuses facettes : « Amir Al Mouminin » qui désigne le chef spirituel et politique des musulmans, le défenseur de la foi musulmane. Emir est la fonction la plus élevée au sein d'une province de l'Empire ottoman. L'émir assure, directement ou indirectement, la sécurité générale, dirige l'administration, gère les finances. Vassal de la Porte, il lui paie un tribut annuel représentant les impôts prélevés sur les habitations de l'émirat, sans distinction d'ordre confessionnel ou clanique.

Émirat

L'Émirat désigne le système de gouvernement qu'assurent consécutivement au Mont-Liban les émirs de la dynastie Maan (1516-1696) et ceux de la dynastie Chehab (1697-1842). L'émir gouverneur reçoit l'investiture parfois à vie ou à titre viager soit directement de la Sublime Porte soit par l'intermédiaire des valis de Damas ou de Sidon après 1660. L'émir gouverneur associe au pouvoir les chefs des familles notables et son autorité s'étend sur le Mont-Liban, et souvent sur des régions limitrophes. Les Ottomans suppriment le régime de l'émirat en 1842 et le remplacent, avec le consentement des puissances européennes, par le caimacamat.

Etats

En France, assemblée représentative des trois « ordres » (clergé, noblesse et ceux qui ne relèvent pas des deux premiers), au niveau du royaume ou des provinces.

Evêques

Le terme « évêque » est issu du gallo-romain episcu, forme raccourcie du mot latin episcopus, lui-même adapté du grec Eπίσκοπος / episkopos qui veut dire « surveillant », c'est-à-dire modérateur, tuteur, responsable d'une organisation. C'est un ecclésiastique qui dirige un diocèse. Avant le christianisme, le terme était utilisé pour désigner toutes sortes d'administrateurs dans les domaines civil, financier, militaire, judiciaire.

Expulsion des juifs

Philippe le Bel est le premier roi de France à revendiquer la « possession » des juifs de son royaume, ce qu'il fait avec succès contre les seigneurs et l'Inquisition dans la première partie de son règne. Il avance l'argument de la « purification » religieuse du royaume pour l'expulsion de 1306, qui concerne des dizaines de milliers de personnes. La conversion permet d'échapper à la mesure. Il s'agit également pour le roi de renforcer son pouvoir face aux grands seigneurs et de renflouer ses caisses, puisque l'expulsion s'accompagne d'une confiscation complète des biens.

F
Faqih (p. fuqaha)

Juriste.

Fatimides

Dynastie chiite inscrite dans la branche ismaélienne. Elle tire son prestige et son autorité de la descendance de Fâtima (cf. supra). Entre 909 et 1171, leur autorité a pu s'étendre, par intermittence, de certaines régions de l'Algérie contemporaine jusqu'au nord du Liban actuel en passant par l'Egypte et une partie de la péninsule arabique.

Fatwa

Avis jurisprudentiel.

Féodalité

Institutions et usages créant des obligations réciproques entre seigneur et vassal, à qui est remis un fief.

Filalien

Originaire de Tafilalt, dans le sud-est marocain.

Finances extraordinaires

Produit des recettes fiscales attribuées au roi autres que domaniales.

Finances ordinaires

Produit du Domaine royal.

Firman

Edit impérial émis par la Sublime Porte

Flandre

Comté de Flandre. Espace qui dépend du royaume de France, mais dont la prospérité repose sur le commerce avec l'Angleterre. En conséquence, le comte rompt son hommage avec le roi de France en 1297 pour s'allier avec l'Angleterre. Philippe le Bel occupe militairement le comté pour y asseoir son autorité, mais il doit faire face à une révolte des bourgeois lors des Matines de Bruges de 1302. La même année, l'armée royale subit une défaite humiliante à Courtrai. Malgré une victoire royale en 1304, le problème de la Flandre demeure pendant durant toute la fin du règne de Philippe le Bel.

Foi

La foi désigne pour Luther le don que Dieu fait au croyant de croire en lui, donc d'être en relation avec lui. On parle de "salut par la foi", ou de "justification par la foi" par opposition à l'idée selon laquelle l'humain pourrait par son mérite obtenir quoi que ce soit de Dieu.

Franchises

Les franchises accordées à la ville sont un droit qui limite l'autorité souveraine.

Francie Orientale

Partie orientale du grand royaume des Francs crée par Charlemagne, qui regroupe les duchés de Bavière, Saxe, Souabe et Franconie. Elle trouve son origine dans le partage de Verdun, en 843 entre les 3 héritiers de Louis le Pieux : la « Francie occidentale » de Charles le Chauve, la « Francie orientale » de Louis, surnommé « le Germanique ». La partie centrale, ainsi que le titre impérial, sont attribués à Lothaire.

Fuero Real

Compilation de droit imposée à partir de 1255 comme nouveau code juridique à de nombreuses villes par Alphonse X. Source de nombreux changements, le Fuero Real est mal reçu dans le nord du royaume.

Furu'

Traités d'applications juridiques.

G
Gallicanisme

Doctrine selon laquelle l'Eglise de France doit être indépendante de la Papauté.

Garde des sceaux

Chancelier : responsable des bureaux de rédaction et d'expédition des actes royaux.

Garde-robe royale

En Angleterre, service à fonction essentiellement domestique, alors que la Chambre fait office de trésorerie royale.

Général des finances

Commis itinérant chargé de surveiller la levée des impôts. En 1443, les élections sont regroupées en quatre puis cinq généralités.

General Estoria

Grand projet historiographique lancé par Alphonse X entre 1272 et 1275, demeuré inachevé à sa mort en 1284. Cette histoire universelle, depuis la création du monde jusqu'au temps contemporains, a vocation à justifier, par une réinterprétation de toutes les sources historiques connues (notamment la Bible et les historiens de l'Antiquité), les prétentions hégémoniques de la Castille d'Alphonse X.

Grand Schisme d'Occident

Crise de la papauté de 1378 à 1417, qui divise la Chrétienté occidentale en deux obédiences reconnaissant chacune un pape différent, un à Rome, l'autre à Avignon.

Grands

Sous ce terme, on rassemble les principaux membres de la haute aristocratie dirigeante du royaume, désignés en latin par les termes de potentes (les puissants), de proceres (les grands, les nobles, l'aristocratie dirigeante) ou de principes (les princes, les premiers). A la petite dizaine de familles aristocratiques à la tête des duchés composant le royaume, s'adjoint rapidement la trentaine de prélats constituant le corps des évêques et archevêques du royaume.

Grecs Melkites

L'Eglise grecque melkite se détache du patriarcat grec orthodoxe et se rallie à Rome dans le cadre d'un mouvement d' « uniatisme » favorisé par les missionnaires catholiques au début du XVIIe siècle. Le premier patriarche grec melkite, Cyrille de Damas, est élu en 1724 et obtient le pallium en signe de communion avec l'Église catholique en 1744. Les premiers fidèles appartiennent à des familles riches et cultivées et s'installent au Mont-Liban à l'abri des persécutions suscitées par la hiérarchie orthodoxe. Les émirs Chehab facilitent leur installation et le patriarche Mazloum réussit à obtenir le statut de millet pour sa communauté. Cette reconnaissance permet aux fidèles de se développer dans les pays du Proche-Orient où ils comptent, au début du XXIe siècle, 450.000 membres et autant dans la diaspora. La liturgie est célébrée selon le rite byzantin en langues arabe et grec. Le primat de l'Eglise a son siège à Damas, mais réside au Liban et porte le titre de patriarche d'Antioche et de tout l'Orient des melkites, de Jérusalem et d'Alexandrie. Sa juridiction s'étend à tous les fidèles organisés en paroisses et diocèses. Démographiquement, les grecs melkites forment, dans le Liban contemporain, la troisième communauté chrétienne et sont engagés à tous les échelons du pouvoir.

Guerre de Trente Ans

Cette guerre éclate en Bohême en 1618, et oppose dans un premier temps les princes protestants de l'Empire à l'empereur catholique de la dynastie des Habsbourg, avant de s'internationaliser par les interventions suédoise et française. Achevée par les traités de Westphalie en 1648, elle coûte à l'Empire, dans certaines régions, près de la moitié de sa population.

H
Habitants

Les Habitants sont les individus qui habitent ville et qui ne possèdent ni le statut de Bourgeois, ni celui de Citoyen. Ils ne bénéficient d'aucuns droits politiques. A partir du XVIe siècle, le statut d'Habitant devient une catégorie politique à part entière. Les étrangers sont reçus Habitants quelques semaines après leur arrivée. Comme le stipule l'en-tête de la lettre d'habitation qui leur est accordée, ils se sont engagés à vivre selon « la Sainte Réformation ».

Hajj

Pèlerinage à La Mecque, l'une des cinq prescriptions fondamentales de la religion musulmane.

Hawali-s

Agents de l'émir chargés de l'impôt pour la Porte.

Hommage

Acte par lequel un vassal reconnaît être l'homme d'un seigneur.

Hôtel du roi ou Hôtel-le-roi

Ensemble des services domestiques du roi.

I-J
Ifriqiyya

L'Ifriqiyya est un territoire qui correspond, actuellement, à la Tripolitaine, à la Tunisie et au Constantinois.

Iktaa`

Terme qui désigne un système de rétribution par lequel la couronne concède des terres aux potentats de l'imperium en contrepartie des services, essentiellement militaires. Pratiqué depuis le Bas-Empire, ce procédé passe aux Arabes et connaît des variations. Les Ottomans le réadaptent à leurs besoins de gouvernement et organisent les concessions selon un vaste éventail de domaines. Ce privilège devient progressivement héréditaire, mais le détenteur, en sus du service militaire, doit en acquitter les impôts. L'iktaa` au Mont-Liban qualifie un système complexe ayant des connotations politiques, administratives, fiscales, juridiques et agraires. Ici ce n'est pas le sultan qui dispose de l'iktaa` puisque la terre appartient aux familles des notables, y compris celle de l'émir. Chaque famille possède un ou plusieurs districts, l'administre en donnant du travail aux paysans, établit la justice, lève les impôts et les acquitte vis-à-vis de l'émir. Le notable qui gère le district s'appelle moukataaji et le territoire moukataat. Le fils aîné assume la charge de moukataaji qui se transmet héréditairement dans l'ordre de primogéniture. Ce système constitue les assises de l'émirat du Mont-Liban.

Imams

La définition sommaire désigne « celui qui est devant », « celui qui dirige la prière » dans la tradition musulmane. C'est aussi le « juriste », le « prédicateur » ou « prêcheur », mais également, dans un sens politico-religieux, le « chef », le « guide » de l'Umma islamique. C'est enfin, dans le chiisme, celui qui seul peut interpréter sans erreur le texte coranique.

Jihâd

[Dans ce contexte] la lutte armée pour défendre la « parole de Dieu », autrement dit la « guerre sainte » contre les « ennemis de Dieu ».

K
Kasbah

Dans les pays d'Afrique du Nord, une casbah - ou kasbah - désigne une citadelle ou le palais d'un chef, par exemple : la kasbah des Oudaïa, à Rabat (Maroc). Par extension, le mot désigne également le cœur historique, fortifié ou non, d'une ville. Dans cette seconde acception, le mot est plus ou moins synonyme de medina.

Khârijites

« Ceux qui sont sortis » de l'alliance avec Ali en l'accusant de ne pas s'être donné les moyens de vaincre son adversaire Muawiyya, le gouverneur de Damas qui conteste sa légitimité.

Khotba

Prédication (ou prêche) faite par l'imam lors de la prière du vendredi.

L
L'idolâtrie

Accusation portée par les protestants contre les catholiques, principalement en raison du rôle des images dans la foi romaine.

l'Inquisition espagnole

L'Inquisition médiévale était destinée à rechercher et punir l' « hérésie ». Celle d'Espagne, assez différente et fondée tardivement (1479) était sous le contrôle de l'Etat et non de l'Eglise. Les juges en étaient désignés par le roi d'Espagne. Voir le module n°1 « Migrations religieuses ».

León

Royaume chrétien du nord-ouest de la péninsule Ibérique. Il s'inscrit dans la continuité du royaume d'Oviedo (VIIIe siècle), dont la capitale fut déplacée vers le sud, dans la ville de León, au début du Xe siècle

Les Ecritures

L'Ancien et le Nouveau Testament

Les hérétiques

En l'occurrence les protestants

Les missionnaires protestants

La présence des protestants au Proche-Orient remonte au premier tiers du XIXe siècle et répond à plusieurs objectifs. Face au phénomène non linéaire de sécularisation, un renouveau spirituel se manifeste dans certains pays tels que les Etats-Unis, l'Angleterre et l'Allemagne et se traduit par le désir d'explorer la Bible dans son milieu d'origine, de connaître les traditions de vieilles communautés chrétiennes orientales, d'évoquer l'importance du « Salut individuel » et de répandre la « Bonne Nouvelle » parmi les non-chrétiens, juifs et musulmans. Plusieurs motifs amènent les premiers missionnaires protestants à s'installer à Beyrouth et au Mont-Liban : la sécurité, la possibilité d'acquérir des biens fonciers, la facilité de correspondre avec les Eglises mères, la salubrité de l'atmosphère... Les congrégationalistes de l'American Board dont le siège se trouve à Boston arrivent les premiers et opèrent presque seuls dans la région jusqu'aux années 1870. Les arméniens protestants fondent leurs propres communautés en 1846. L'action des congrégationalistes prend une triple forme : la prédication, l'enseignement et la traduction de la Bible dans les langues locales. Ainsi ils fondent avec l'aide des convertis les premières paroisses évangéliques à Istanbul en 1846, à Beyrouth en 1848 et à Hasbaya en 1851. L'édition de la version arabe intégrale de la Bible apparait à Beyrouth en 1867, dix ans avant celle des Jésuites. Le texte circule sous forme de petites brochures pour permettre une large diffusion et recueillir l'opinion des lecteurs concernant la lisibilité du texte avant de lui donner la forme définitive. Cette entreprise contribue à renouveler la langue arabe et à moderniser les techniques typographiques et l'imprimerie. Le réseau scolaire s'implante à partir des années 1830 telle la création de Robert College à Istanbul en 1863 et se couronne par l'instauration de l'enseignement supérieur en 1866 du Syrian Protestant College qui devient en 1921 l'Université Américaine de Beyrouth. A l'instar des communautés chrétiennes dans l'Empire ottoman, les protestants sont reconnus comme millet, en 1850, par la Sublime Porte. Le règlement organique de 1864 corrobore ce statut par l'article 6. La constitution libanaise proclamée en 1926 accorde une place aux protestants parmi les 15 communautés qui forment la trame du peuple libanais. La loi de 1936 qui règlemente le statut personnel communautaire préserve les droits du Conseil suprême de la communauté évangélique au Liban et en Syrie érigé à cet effet en 1937 et qui représente 12 communautés protestantes. L'accord de Taëf les compte parmi les 18 communautés reconnues.

Lieutenant de Justice

Il est recruté parmi les anciens syndics et élu annuellement par le Conseil général. Il préside la Cour du Lieutenant, c'est-à-dire le tribunal civil, et instruit les affaires criminelles. Il est assisté par quatre auditeurs (six à partir de 1568) élus tous les trois ans.

Ligesse

L'organisation féodale permet d'entrer dans la vassalité de plusieurs seigneurs différents pour accroître sa position sociale, mais cette situation est source de conflits. Pour y remédier, il est d'usage, dès le XIe siècle par endroits, de désigner un seigneur lige qui doit recevoir prioritairement le service d'un vassal multiple. Les rois latins utilisent ce système pour renforcer leur pouvoir, notamment, en France, Philippe Auguste (1180-1223).

M
Mahdi

Le mahdisme est une doctrine inspirée de la pensée traditionnelle chiite. Le mahdi est le « bien guidé » attendu. Dans la tradition musulmane, il est la personne qui doit apparaître à la « fin des Temps » pour instaurer la justice et réformer ce qui a corrompu l'état des hommes. Il rassemble en sa personne l'autorité politique et religieuse au nom de la direction de la communauté musulmane. Nombre de personnes ont prétendu à ce titre au cours de l'histoire de l'islam, ils sont le plus souvent qualifiés d' « usurpateurs ».

Makhzen

« Magasin », terme qui désigne le lieu où l'on entrepose l'argent, les biens précieux et, par extension, le « trésor public » puis, au XIVe siècle, l'ensemble de l'appareil gouvernemental central.

Maraboutisme

Les marabouts formaient au Maroc une caste non distinguée par rapport aux autres Chorfas descendants du prophète Muhammad, ils bénéficiaient du même prestige religieux et exerçaient également une influence spirituelle sur le reste de la population. Le « marabout » qui désigne le saint homme, celui qui consacre sa vie à la foi. Mais, comme mouvement, le sens se modifie, puisqu'il désigne l'évolution historique du rôle des marabouts, à partir du XIIe siècle, dans les transformations des constructions proto-étatiques du futur Maroc.

Maronites

Chrétiens qui se rattachent à Saint Maron situé au IVe-Ve siècles et considéré comme le fondateur et maître spirituel d'un groupe d'ermites établis dans la vallée de l'Oronte. Après sa mort (vers 410) les maronites vécurent dans l'entourage d'un monastère perpétuant son enseignement et son souvenir. Entre 702 et 742, les maronites prennent l'initiative d'élire leur propre patriarche au siège d'Antioche : Jean Maron. Ce moine est considéré comme le véritable fondateur de l'Eglise maronite. Les maronites condamnés par les Byzantins (chalcédoniens) et les Syriaques (monophysites), perdent la protection de Byzance dont les troupes massacrent, selon les traditions maronites, plusieurs centaines de leurs moines. Le patriarche Jean Maron entreprend alors de se réfugier au Mont-Liban. Au XIe siècle, la majorité des maronites est installée dans les vallées montagneuses du nord. A partir du XIIe siècle, l'Église maronite se trouve en pleine communion avec Rome : son patriarche assiste au IVe concile de Latran, en 1215. Ce lien est renforcé par la création, au XVIe siècle, du collège maronite de Rome. A l'époque contemporaine, la communauté maronite agit en faveur de la création de l'Etat du Liban et y exerce un rôle majeur bien qu'affaibli après 1989. Elle bénéficie du soutien d'une forte diaspora.

Miri

Tribut annuel que versent les gouverneurs des vilayet-s, au trésor central de l'Empire ottoman. Il peut être acquitté en plusieurs versements selon le calendrier fiscal habituel. Le miri du Mont-Liban équivaut à 3500 bourses, mais ce montant connaît des majorations exorbitantes entre 1730 et 1860, reflétant la situation économique difficile de l'Empire ottoman aux prises avec la révolution industrielle.

Modèles vétéro-testamentaires

Le roi David constitue au Moyen Âge un modèle biblique de « roi-prêtre » souvent invoqué en France. À l'inverse, la Castille valorise son fils et successeur Salomon, qualifié de « sage » dans la Bible. Bien qu'il ait eu un comportement considéré comme impie à la fin de sa vie, il représente un exemple de roi administrateur, justicier et bâtisseur.

Montagne

Le Mont-Liban ou la « Montagne » désigne la chaîne montagneuse qui s'étend des hauteurs de Tripoli au nord jusqu'à la Galilée antique au sud. Sous la domination ottomane et avant la création du vilayet de Sidon en 1660, il était divisé en deux parties séparées par la rivière de Maamaltain. La partie septentrionale relevait du vilayet de Tripoli, la méridionale de Damas. A partir de 1660, le Mont-Liban relève du vilayet de Sidon. L'émir Youssef Chehab réunit les deux parties. Le Mont-Liban connaît sous les Ottomans trois régimes : l'émirat, le caimacamat et le mutasarrifiyya. En 1920, il constitue, avec la ville de Beyrouth et ses environs, le noyau central de l'Etat du Liban.

Morisques

De l'espagnol Morisco (« petit maire ») : musulmans convertis, de gré ou de force, au catholicisme après l'abrogation par les rois catholiques (Ferdinand d'Aragon et Isabelle d'Espagne) des accords qui leur permettaient de conserver leur foi et leurs coutumes musulmanes sur le sol espagnol.

Moukataaji-s

Notable qui gère un district, lève les impôts, administre la justice en première instance et mobilise les hommes en cas d'appel lancé par l'émir.

moutaçarrifiyat

Voir Partie II, chap. 3.

Mubayi

« Guide des croyants » selon la bay'a.

Muqaddam

Littéralement, celui qui est « mis en avant ». Le mot désigne un chef, par exemple d'une troupe ou d'un navire. A l'époque de l'émirat (1516-1840), le muqaddam est nommé par l'émir comme un chef d'un territoire donné afin qu'il collecte l'impôt.

Mutassalim

Notable qui gère une localité de taille modeste au nom du wali ou vali.

Mutazilisme

Courant de pensées inscrites dans la tradition sunnite. Il émerge au cours de la première moitié du VIIIe siècle dans la région de Bassorah et prospère sous les premiers califes abbassides. Ayant recours à la raison, ses adeptes contestent certains hadith-s (« faits » et « dits » attribués à Mohammad) et interrogent leurs coreligionnaires sur des questions fondamentales relatives au dogme de l' « unicité de Dieu » : nature des attributs divins, place du libre-arbitre, caractère créé du texte coranique, statut du musulman qui commet une faute... Leurs positions séduisent ou sont réprouvées dans le milieu des savants, puis elles sont imposées par la force avant d'être, à leur tour, rejetées par la force.

N-O
Nation marocaine

Dès cette époque, les Marocains ont conscience de constituer une identité sociale et géographique spécifique au sein de l'Umma islamique. Dans les sources en langue arabe, le territoire est désigné sous le nom Al-Maghreb Al-Aqsa (« l'Extrême-Occident » ou le « Couchant lointain »). Cette conscience et ce sentiment ont été illustrés par la bataille Ouad Al-Makhazen, où s'est manifestée une union pour défendre une même terre. La résistance à la conquête ottomane est un motif de fierté dans la mémoire marocaine qui fait remonter cette distinction au VIIIe siècle et à la fondation du royaume idrisside indépendant du califat abbasside. Cette particularité est perçue à l'extérieur : en janvier 1443, l'accord conclu entre le Portugal et la Castille à Tordesillas, porte la mention du Maroc, comme territoire indépendant dans l'Afrique du Nord.

Official

Il s'agit d'un nouveau fonctionnaire apparu au début du XIIIe siècle au moment de l'introduction au nord des Alpes du droit romano-canonique. Les compétences de l'official touchent aux causes ecclésiastiques ou spirituelles, mais s'étendent par la suite aux causes civiles purement laïques, jusqu'à entrer parfois en concurrence avec les fonctions du vidomne.

Oquals

Initiés à la religion au sein de la communauté druze, ils forment un groupe des sages. Ils sont très respectés et entendus dans leur communauté, ils vivent en bonne entente avec les notables.

Orbis christianus

« Le monde chrétien », terme latin fréquemment utilisé par les contemporains pour désigner l'ensemble de la Chrétienté.

Ordre de chevalerie

Compagnie d'honneur instituée par un souverain ou un prince afin de récompenser des mérites personnels ou de s'attacher des fidélités.

Ost

Nom donné à l'armée de type féodal au Moyen Âge.

P
Pacha

« Pacha » est un titre honorifique décerné à des dignitaires turcs de rang élevé au sein de l'Empire ottoman. Il se place après le nom, n'est pas héréditaire et devient l'apanage des gouverneurs des provinces et des vizirs de la capitale.

Parlement

en Angleterre, organe de contrôle de la royauté, qui vote les impôts extraordinaires depuis le XIIIe siècle.

Parlement

En France, cour suprême de justice souveraine.

Paroisse

Circonscription ecclésiastique de base, relevant d'un curé, subdivision d'un diocèse.

Patriarche

Patriarche est un titre utilisé dans un certain nombre d'Églises chrétiennes, dont l'Église catholique romaine, les Églises orthodoxes et les Églises orientales. Certaines Églises orientales utilisent aussi le titre de catholicos. Le terme provient du grec ancien πατριάρχης patriarkhês, qui signifie « père, chef de famille ». Dans l'Eglise catholique romaine, les patriarches couvraient l'Empire romain, alors que les catholicos désignaient ceux qui résidaient dans des territoires hors de l'Empire (en Arménie et en Mésopotamie notamment). Par analogie avec les termes de l'Ancien Testament, le titre a été utilisé jusqu'au Ve siècle comme synonyme pour « évêque ». Néanmoins il désignait déjà les titulaires d'une autorité plus importante. Les trois premiers patriarcats sont ceux de Rome, d'Antioche et d'Alexandrie. Au concile de Chalcédoine (451) sont créés les patriarcats de Jérusalem et de Constantinople, ce dernier n'étant reconnu par le pape qu'en 1215. C'est néanmoins à partir de ce concile qu'il est possible de parler officiellement de patriarcat et même de Pentarchie : les cinq Églises patriarcales de l'Église chrétienne, au premier millénaire de son histoire.

Petit Conseil ou Conseil Ordinaire

Gouvernement de Genève, théoriquement ville d'empire, mais jouissant d'une totale autonomie politique. Il est composé de vingt-cinq membres et deux secrétaires d'Etat, tous Citoyens. Le Petit Conseil élabore les lois, siège en appel du tribunal civil et en tant que tribunal pénal. Il choisit les membres du Conseil des Deux-Cents.

Placards

Le terme vient du fait que l'on placardait ces textes imprimés contre les murs.

Population génevoise

L'évaluation de la population genevoise au XVIe siècle s'avère un exercice difficile en regard de la pauvreté des données. Quelques dénombrements ont été effectués en période de disettes afin d'établir l'approvisionnement nécessaire à la population. Selon Alfred Perrenoud le nombre d'habitants s'élève à 13 100 en 1550 et atteint 21 400 en 1560 à la suite de l'afflux de réfugiés français pour motifs religieux. Cette augmentation n'est que temporaire, beaucoup de réfugiés retournent en France ou partent pour d'autres destinations durant la décennie 1550-1560. Le nombre d'habitants redescend à peu près à 15 000 et se maintient autour cette valeur jusqu'au début du XVIIIe siècle.

Populus

« Le peuple », en latin. Ce terme prend parfois le sens d'« État » au XIIIe siècle

Prévôt royal

Agent royal qui a localement le rôle d'intendant du Domaine.

Primauté

En traduisant le terme neutre de beneficium (bienfait), employé par le légat pontifical Roland Bandinelli, par celui de Lehen (« fief »), le chancelier impérial Rainald de Dassel relance la querelle entre Empire et Papauté. Ainsi traduite, la phrase des envoyés pontificaux assimile l'Empire à un fief dont le pape serait le maître, ce qui est, aux yeux de l'empereur, inacceptable. Malgré les clarifications ultérieures, l'incident marque le départ de ce que l'on appelle la « Querelle du Sacerdoce et de l'Empire », qui n'est que le prolongement de la précédente.

Prince

Le pouvoir politique, ou temporel, ou civil peut être désigné selon le vocabulaire des sources de la Réforme, par les mots « prince » (à comprendre au sens large de monarque) ou « magistrat ».

Prince-évêque

Instauration des princes-évêques dans l'Empire romain-germanique, cf. Partie III – chapitre 1.

Procureur général

Le procureur général occupe les fonctions du ministère public et défend les intérêts de la commune.

Provinces-Unies

Etat fédéral comprenant plusieurs provinces des Pays-Bas actuels (Hollande, Zélande, Utrecht etc.) qui s'est affranchi de la domination du roi d'Espagne Philippe II en 1579-1581. Les Provinces-Unies sont majoritairement protestantes. La Déclaration d'indépendance se trouve notamment à l'adresse http://mjp.univ-perp.fr/constit/nl1581.htm (texte ici modernisé).

Q-R
Qadi

Juge ou magistrat qui siège au tribunal civil ou au tribunal islamique.

Reconquista

La Reconquista, terme espagnol qui désigne l'ensemble des guerres effectuées par les monarques chrétiens pour reconquérir l'Andalousie, c'est-à-dire la partie de la péninsule ibérique sous autorité musulmane.

Réforme

La Réforme est un mouvement religieux qui vise à rétablir une pratique de la religion chrétienne selon les principes primitifs de l'Église tels que les définissent les Évangiles. A partir des idées contestataires de Martin Luther et sous l'impulsion d'hommes tels que Huldrych Zwingli, Heinrich Bullinger (1504-1575, réformateur qui succède à Zwingli à Zurich) ou Jean Calvin, des mouvements de réformation de l'Église se développent durant la première moitié du XVIe siècle et débouchent sur un grand nombre de conflits religieux en Europe.

Réforme radicale

On appelle ainsi divers groupes qui, dans la mouvance de la Réforme, refusent toute compromission avec le monde, en particulier avec les pouvoirs politiques. Ces groupes sont souvent marqués par la conviction que la fin du monde est imminente (parmi eux : Thomas Müntzer, les anabaptistes etc.).

Régale

Droit que s'octroie un roi de percevoir les revenus d'un évêché durant sa vacance.

Regalia

Ensemble d'objets symboliques de la royauté. Le roi de France utilise ainsi, lors de son sacre, la couronne, l'anneau, l'épée et le soq, un manteau liturgique qui en faisait un roi-prêtre. De son vivant, puis après sa mort, les représentations de Philippe le Bel le montrent également avec le sceptre symbolisant le pouvoir de commandement, la verge (puis la main) représentant son monopole de la justice, ou la fleur de lys indiquant la continuité dynastique et territoriale de la monarchie française.

Régime politique

Le Saint Empire romain germanique se voulait héritier de l'Empire romain. A sa tête siège un empereur élu, qui ne peut pas prendre de décisions sans l'assentiment de la diète, c'est-à-dire la réunion de représentants des divers Etats. Il existait également un tribunal d'Empire, compétent pour les conflits internes et certains appels, mais pour le reste, les Etats de l'Empire jouissaient d'une très grande autonomie.

Regnum

« Le royaume », en latin. Un terme largement utilisé, qui prend parfois le sens d'« État » au XIIIe siècle.

Respublica

« La chose publique », en latin. Terme de l'époque romaine, qui réapparaît timidement dans le sens d'« État » au XIIIe siècle.

Ribât

Al-Morabitûn signifie « ceux du ribât », du « camp retranché ». La racine verbale signifie « camper », « être stationné » et le substantif est donc associé à un lieu où l'on est face à l' « ennemi ». Par extension, il est aussi un lieu où l'on est éduqué, formé à la science.

S
Sainte Cène

Chez les protestants, la Sainte Cène est l'un des deux sacrements reconnus (l'autre étant le baptême). Durant la cène, en commémoration du dernier repas du Christ avec ses apôtres, les participants partagent le pain et le vin qui représentent le corps et le sang du Christ.

Sandjak

Unité administrative constituant la base d'un vilayet ottoman ; elle est dirigée par un « sandjakbey » qui dispose de l'autorité militaire et civile.

Servicium regis

A côté des biens propres du roi, les revenus de la couronne sont assurés par le servicium regis, ou service du roi, qui constitue non seulement la base économique du système aulique, mais aussi du système royal lui-même, lui assurant une survie économique et matérialisant les obligations des uns et des autres envers le roi. Alors qu'elles disparaissent rapidement dans les royaumes de la chrétienté latine (dès la fin du IXe siècle), les obligations dues à la couronne par les Grands du royaume demeurent bien vivantes en Germanie. Le terme désigne l'ensemble des obligations que les grands (princes, vassaux, évêques), doivent au roi : fodrum (droit de feu ou de ravitaillement), gistum (droit de gîte ou d'hébergement), servitia (services divers, en particulier militaire). Le rôle de l'hébergement (fodrum) reste fondamental : alimentation, entretien des troupes, service armée et service de cour continuent de s'effectuer comme dans le passé : archaïsme qui maintient vivant la structure de l'Etat royal. Otton I fait du service un système de gouvernement, soigneusement codifié et organisé. Domaines royaux, monastères, évêques, villes, princes sont mis à contribution, sous la forme de dons annuels (dona annualia).

Sheriff

En Angleterre, représentant du roi dans un comté.

Shire

En Angleterre, comté, subdivision administrative du royaume.

Shura

L'un des principes fondamentaux de légitimation dans la tradition musulmane. Il englobe les aspects de la vie publique, à commencer par ceux qui touchent la politique. Dans ce cadre, l'avis des personnes concernées est sollicité et toute l'Umma –au sens de « communauté musulmane »- est consultée, directement ou via ses représentants dans telle ou telle mission.

Siete Partidas

Codification générale de tout le droit existant (romain, ecclésiastique et féodal), composée entre 1256 (à partir de la candidature impériale d'Alphonse X) et 1265. Le roi aurait participé à son élaboration. Ce droit n'est pas rentré en application avant 1348.

Sultan

Titre désignant la force et la justice, mais aussi l'autorité politique dans beaucoup d'Etats musulmans. Il signifie la tête du pouvoir et incarne le modèle oriental de gouvernance.

Syndics

Dans une ville franche les syndics sont les représentant des habitants auprès du suzerain. A Genève, les syndics sont au nombre de quatre, ils président le Petit Conseil. Leur présence est attestée depuis le XIIIe siècle.

Système informel mais efficace

Ce mode de fonctionnement a pu être qualifié de Reichskirchensystem, sous-entendant une institutionnalisation de ce qui ne ressort cependant que d'un ensemble de pratiques suffisamment établies pour se montrer solide et efficace, y compris au moment des crises dynastiques, comme en 983, à la mort prématurée d'Otton II. Son fils Otton III, âgé de 3 ans et violemment contestée par les Grands, bénéficie du soutien sans faille de l'Eglise.

T
Tanzimat

Mot qui dérive de l'arabe et signifie « réformes », « réarrangement », « réorganisation ». Dans l'histoire ottomane c'est la période d'occidentalisation des reformes de la période qui s'étend 1839 à 1876. Les réformes jugées de révolutionnaires touchent presque tous les secteurs : la politique, le droit, l'administration, l'armée, les finances, le commerce, le transport. La première période (1839-1856) s'ouvre par un firman issu du Sultan Abdel Hamid (1839-1861) en novembre 1839 appelé Hatti chérif de Ghulkhane (« noble rescrit de la Maison des roses »), puis le Hatti Humayoun (« rescrit impérial ») au terme de la guerre de Crimée : l'égalité entre tous les sujets du sultan, musulmans et chrétiens, est proclamée. La deuxième période englobe la proclamation de la Constitution de 1876 qui limite les pouvoirs du sultan. Cependant, cette « loi fondamentale » est suspendue quelques mois plus tard.

Taqiyya

Prudence, crainte, forme de réserve ou de dissimulation (Kitman) permettant de ne pas affirmer sa conviction en situation de danger. Pour des juristes musulmans, la taqiyya peut prendre appui dans le texte coranique (par exemple XVI, 106) et dans le Hadith ; pour d'autres juristes, elle est inacceptable si elle consiste à tromper d'autres musulmans. Cette pratique est historiquement significative chez les chiites et chez les kharijites, avec pour justification le souci d'éviter un martyre considéré comme stérile face à un pouvoir musulman (le plus souvent sunnite) ou non-musulman (le plus souvent chrétien). Sous sa forme la plus connue, la taqiyya est une pratique qui consiste à dissimuler son appartenance à un groupe religieux et à pratiquer en secret sa religion dans le but spécifique d'échapper à des persécutions. La dissimulation peut être passive (en se cachant), ou active (allant jusqu'à feindre les us et coutumes religieuses des ennemis). Dans le cas de l'émirat de Fakhr al-Din, la taqiyya « politique » a été invoquée dans la mesure où il est considéré comme un druze par beaucoup tout en se comportant comme un sunnite vis-à-vis des Ottomans notamment.

Templiers

Chevaliers d'un ordre militaire fondé en 1129 dans le but de protéger les pèlerins dans les États latins d'Orient, puis, par extension, d'assurer la défense de ces territoires. Les biens fonciers qu'il reçoit en Occident lui permettent de financer leur mission, puis de devenir un acteur économique majeur, notamment dans le royaume de France où se trouve leur base. Leur existence perd sa justification avec la chute en 1291 de Saint-Jean-d'Acre, dernier bastion latin en Orient. La réputation de relâchement des mœurs au sein de l'ordre conduit Philippe le Bel à programmer leur disparition dans le cadre d'un procès ecclésiastique qui conduit de nombreux templiers, dont le maître de l'ordre, Jacques de Molay, sur le bûcher (1307-1311). Contrairement à ce que prétend la légende, le bénéfice matériel de la royauté demeure modeste, puisque le patrimoine du Temple est intégralement attribué à un autre ordre militaire, les Hospitaliers.

Traité de combourgeoisie

Acte d'alliance ou traité par lequel une ville étend son droit de cité à une autre ville, à un couvent, à un particulier (par exemple un noble détenant des droits seigneuriaux et fonciers), ou à un groupe tel qu'une corporation. Il s'agit d'une concession perpétuelle ou renouvelable. Le traité est scellé par un acte de serment solennel. Le combourgeois gagne l'accès à des privilèges réservés aux Bourgeois : protection militaire et judiciaire, accès aux marchés. En échange, il apporte à la ville des troupes, des revenus, une influence sur les arbitrages extérieurs et un meilleur approvisionnement de ses marchés.

U
Uléma

Savant au sens de « spécialiste des sciences religieuses » musulmanes, ils peuvent parfois être désignés sous le titre de « docteurs de la loi musulmane ».

Université

Communauté de maîtres et d'étudiants. En Europe latine, les universités sont issues d'un rassemblement des écoles épiscopales urbaines. Les premières apparaissent à la fin du XIIe siècle et au début du XIIIe siècle, à l'initiative des souverains, par exemple à Bologne en 1158, à Palencia en Castille en 1208, à Salamanque en Leon en 1218. Paris, Oxford et Toulouse reçoivent leurs statuts du pape respectivement en 1215, 1231 et 1233-1245.

Uqqal-s

Au sein de la communauté druzes, ce sont les « sages » ou « initiés », par opposition aux juhhal-s, les « ignorants ». Les uqqal-s sont tenus d'observer les sept « commandements » druzes, distincts des cinq « piliers » observés par les sunnites et les chiites.

Usul al-dîn

Science des « fondements de la religion » qui détermine le « droit » en lien avec les questions de doctrine : la croyance en « Dieu », au « Jour du Jugement » etc.

V
Vali ou walî

Vali ou walî désigne le gouverneur de la plus grande entité administrative dans l'Empire ottoman, le vilayet. La charge est annuelle au départ, mais elle devient permanente, vénale et parfois même héréditaire. Le vali porte le titre honorifique de pacha, attribué originairement aux vizirs et aux grands fonctionnaires. Le Mont-Liban relève traditionnellement des deux vilayets : Tripoli et Damas. Le vali réside dans la cité principale du vilayet. Sa responsabilité consiste à maintenir l'ordre. Son conseil est composé d'un cadi et d'un inspecteur de finances appelé defterdar.

Vidomne

Seigneur laïc, dépendant de l'évêque, officier en charge de rendre la justice à la place de l'évêque. Il est juge des causes civiles et instruit les causes criminelles dont la sentence est prononcée par les syndics. La procédure est de type accusatoire, c'est-à-dire orale, simple en langue vulgaire. L'exécution des sentences de peines capitales ou de mutilation est à la charge d'un vassal de l'évêque occupant la fonction d'avoué de l'évêque. Jusqu'au début du XVe siècle, cette fonction est aux mains des Comtes de Genève.

Vilayet ou wilaya

Province ottomane dirigée par un gouverneur (walî) nommé par le sultan.

Vizir

Premier collaborateur du sultan dans l'exercice de son pouvoir politique, l'équivalent d'un ministre dans les traditions modernes.

W-Y
Wakil

Délégué d'une autorité, d'une assemblée ou d'une collectivité (généralement un village).

wali

Voir Partie I, chapitre 3

Wittenberg

Saxe, nord-est de l'Allemagne actuelle.

Z
Zaouïa

La zaouïa vient du mot az-zaouïa qui désigne le « coin », mais le sens a pris une signification plus large en reflétant des fonctions religieuses, éducatives et même politiques. La zaouïa s'est transformée en un organisme multi fonctions grâce à son implication dans le changement social à partir du début du XVIe siècle.

Zaydisme

L'une des branches du chiisme dont les adeptes reconnaissent la légitimité exclusive de cinq « Imâms », le cinquième étant Zayd ibn Ali Zain Al-Abidin (698-740). Leur jurisprudence est proche de celle des écoles sunnites.

Zwinglianisme

Le calvinisme désigne la doctrine et les Eglises fondées par Jean Calvin (1509-1564), principalement en France et aux Pays-Bas, mais aussi en Pologne et en Hongrie. Proche de celle de Luther sur de nombreux points, sa doctrine est plus radicale sur celui de la Cène, et plus exigeante sur l'indépendance des Eglises. Le zwinglianisme, né à Zurich, est un peu plus radical encore, ne voyant dans la Cène qu'un symbole, mais il accepte en revanche un certain poids des autorités sur l'Eglise. Les deux mouvements avaient, dès les années 1540, opéré un rapprochement et n'étaient pas en lutte l'un contre l'autre.

DébutSuivantSuivant
AccueilAccueilRéalisé avec Scenari (nouvelle fenêtre)