Les Almohades : une théorie du pouvoir spécifique dans un ensemble composite

Références

Abd al-Mu'mîn Ibn Ali (1094-1130-1163)

Successeur d'Ibn Tumart à la tête des Almohades. Berbère, issu d'un milieu modeste, il est séduit par le discours religieux du prédicateur revenu d'Orient. Il le rejoint lorsque celui-ci se réfugie dans le Haut-Atlas et se proclame Mahdi. Il parvient à s'imposer comme son successeur et remporte une bataille décisive contre les mercenaires catalans au service des Almoravides en 1145. Il assiège Marrakech en 1147, puis la conquiert en éliminant les partisans des Almoravides qu'il poursuit jusqu'en Andalousie. Il mène aussi une victorieuse conquête des territoires à l'Est. Il entreprend de centraliser le pouvoir et de donner plus de régularité aux revenus imposés. Il peut faire preuve de mansuétude ou, au contraire, de violence. Il ne laisse aucun écrit. Son règne marque l'apogée d'un pouvoir tenu par un Berbère.

Abdallah Ibn Yasine (m. 1058)

Berbère né au sud du Maroc actuel, fondateur du mouvement des Almoravides, c'est lui qui lui confère cette triple dimension : éducation, science et formation militaire. Il s'associe à un chef militaire, Yahya Ibn ‘Umar, de la tribu Lamtûna, pour créer une puissante force armée, d'abord tournée contre les populations noires (le « pays du Ghana » à partir de 1054) puis vers le nord où il combat des populations considérées comme « hérétiques ».

Abdullah Al-Ma'mûn (786-813-833)

Second fils du calife Harun Al-Rashid, il s'empare du pouvoir après s'être révolté contre son frère qu'il fait mettre à mort. Appuyé sur les Persans, il doit faire face à de nombreux mouvements séditieux et à une guerre contre les Byzantins. Son règne est marqué par un rayonnement littéraire et scientifique qui se fonde, notamment, sur un ensemble de traductions vers l'arabe de textes grecs, araméens et persans, au commentaire de ces œuvres et à une structuration du savoir de son temps dans des lieux spécifiques comme la mythique Bayt al-Hikma (« Maison de la Sagesse »).

Abu al-Fadl ibn Musa ibn Iyyad (1083-1149)

Juge malékite né à Ceuta, il fait également fonction d'historiographe. Outre son opposition à Ghazâlî, le qadi Iyyad s'est fait remarquer par son opposition aux Almohades en suscitant contre eux une révolte. Ayant échoué, il est contraint au bannissement à Marrakech. Son œuvre principale s'intitule La Guérison.

Abu al-Hassan al-Ash'arî (v. 874-935)

Formé dans le mutazilisme, al-Ash'arî s'en démarque pour mener ensuite un combat intellectuel contre ses principes en s'appuyant sur le corpus hanbalite dont les adeptes critiquent l'autonomie de la raison. Il s'oppose à la doctrine du Coran créé, mais il repousse également la position selon laquelle les sons et l'encre du texte coranique sont éternels : pour lui, le caractère incréé du Coran doit se comprendre comme attribut de Dieu. De grands savants sunnites s'inscrivent à sa suite, notamment al-Ghazâlî.

Abu Bakr Ibn ‘Umar (m. 1087)

Frère de Yahya Ibn ‘Umar et chef des Almoravides de 1056 à 1061, il poursuit l'entreprise de conquête en s'appuyant sur son cousin Yûsuf Ibn Tashfîn. C'est à ce dernier qu'il délègue ses pouvoirs et qu'il cède sa femme avec de se retirer au désert où il décède un quart de siècle plus tard.

Abû Hamid Muhammad al-Ghazâlî (v. 1055-1111)

Célèbre savant sunnite de tradition ash'arite, Ghazâlî a reçu une formation de juriste et de philosophe, et il se réclame du soufisme. C'est précisément du fait de sa connaissance de la philosophie et des courants de pensée de son temps, y compris ceux du chiisme ismaélien, que les arguments de Ghazâlî ont suscité l'adhésion de nombre de ses coreligionnaires. Parmi ses écrits les plus importants, il faut citer : La Délivrance de l'erreur et La Réfutation des philosophes. Ce dernier ouvrage, qui vise notamment Avicenne (Ibn Sina), est à son tour contesté par le philosophe Averroès (Ibn Rushd, 1126-1198) dans La Réfutation de la Réfutation.

Abû Muhammad Ibn Hazm (994-1064)

Savant, juriste, spécialiste du kalâm, historiographe et poète né à Cordoue. Ayant grandi dans une période troublée de l'Andalousie, marquée par les luttes entre factions musulmanes, il développe une pensée rigoriste, centrée sur un modèle intangible de la « loi musulmane » mais opposée dans le même temps au formalisme. Sa doctrine ne relève pas de l'une des quatre principales écoles juridiques sunnites, elle s'inscrit dans le droit zâhirite où le recours à l'opinion personnelle et au raisonnement par analogie son rejetés.

Abu Said Suhnûn (776-855)

L'un des savants malékites les plus célèbres au Maghreb. Né à Kairouan, il y fait ses études puis les prolonge par un séjour en Orient. Il travaille ensuite à répandre ce qui devient « l'école malékite » en Afrique et en Andalousie. Son livre le plus célèbre est Al-Mudawwana Al-Kubra.

Ali ibn Abi Talib (m. 661)

Cousin et gendre du prophète de l'islam, Mohammad. Il est le quatrième « Calife » pour les sunnites et le premier « Imam » pour les chiites qui ne reconnaissent pas le choix d'Abu Bakr, comme « Calife », en 632. Il est assassiné en 661 par un membre du groupe des kharîjites qui l'accusent de ne pas avoir conduit avec toute la force nécessaire le combat contre le gouverneur de Damas, Muawiyya, qui fonde la dynastie omeyyade en 661.

‘Ali Ibn Yusuf (1106-1142)

Fils de Yusuf Ibn Tashfîn, il devient chef des Almoravides après la mort de son père.

Alphonse VI (1040-1109)

Second fils de Ferdinand 1er (m. 1065), il est roi de Léon (1065-1109) et de Castille (1072-1109). L'effondrement du califat de Cordoue lui permet de profiter des divisions entre musulmans pour prendre Tolède (1085), autrefois capitale du royaume des Wisigoths, et d'y établir le centre de son pouvoir.

Cheikh al-Fasi (975-1039)

Abu-Imran Moussa, né à Fès puis installé à Kairouan. Il est un des grands savants de l'école malékite en Occident musulman.

Djafar Al-Mutawakkil (822-847-861)

Neveu d'Al-Ma'mûn, il est le 10e calife abbasside. Il revendique le titre d' « Ombre de Dieu sur terre » et prend le contrepied de l'orientation religieuse de son oncle en libérant un adversaire déterminé du courant mutazilite : Ahmed Ibn Hanbal. Il favorise ainsi la conception hanbalite du sunnisme et entend mettre un terme aux débats sur le caractère créé ou incréé du Coran. Son règne est traversé par de nombreux troubles et lui-même est victime d'un complot ourdi par ses officiers turcs.

Fâtima

Fille du prophète Mohammad, épouse d'Ali, mère de Hassan et Husayn, considérés comme les 2e et 3e « Imams » par les chiites.

Ibn Hamdun (m. 1114)

Grand juge de Cordoue, il est l'un des célèbres savants d'Andalousie, proche de la dynastie des Almoravides.

Ibn Sinân (759-828)

Abu Abdullah al-Asad ibn al-Furat ibn Sinân, juge de Kairouan après avoir été étudiant de Mâlik Ibn Anas.

Ibn Tumart (v. 1080- v. 1130)

Mohamed Ibn Abdallah, Berbère né dans le Souss, au sud du Maroc actuel. Il acquiert une formation religieuse en Orient. Il est le fondateur du mouvement Almohade et son théoricien (cf. « Les Almohades : une théorie du pouvoir spécifique dans un ensemble composite »).

Idrîs Ier

Originaire de Médine, descendant d'Ali, chiite de la branche zaydite, il fuit le pouvoir des Abbassides et s'établit dans la région de Walîla (Volubilis dans l'Antiquité). Il fonde une dynastie et un embryon d'Etat sur lequel il règne pendant environ cinq ans (788-793) avant de décéder.

Idris II (793-828)

Fils posthume d'Idris 1er, il reçoit la bay'a (forme d'allégeance) des chefs des tribus de l'Atlas alors qu'il est âgé d'une dizaine d'années. Il donne à la dynastie un véritable poids politique et militaire. Mais l'héritage est dispersé entre ses fils qui ne parviennent pas à s'accorder.

Mâlik Ibn Anas (v. 715-795)

Un des quatre imams fondateurs d'écoles de jurisprudence reconnues dans l'ensemble de la tradition sunnite. Mâlik Ibn Anas est réputé pour sa science du hadith même s'il donne une large place à l'opinion personnelle (ra'y) et au raisonnement par analogie (qiyâs) dans l'interprétation du Coran. Il est l'auteur du premier traité de droit musulman : Al-Muwatta'.

Yahia II

Souverain idrisside régnant de 863 à 866, il suscite, par un comportement non-conforme aux mœurs et aux prescriptions religieuses, la colère des habitants et est contraint de fuir en Andalousie où il décède.

Yahya Ibn ‘Umar (m. 1056)

Chef des « Molatamines » (gens de la tribu des Lamtûna), c'est-à-dire de ceux qui sont masqués, qui couvrent leur visage avec une sorte de voile (litâm). Il est tué au cours de la bataille de Tabfarilla.

Yusuf Ibn Tashfîn (1061-1106)

Deuxième souverain almoravide. Successeur d'Abou Bakr ibn ‘Umar, il prend le titre de « Prince des musulmans », il fonde le premier empire dans l'Occident musulman. Celui-ci embrasse l'Andalousie au Nord, et s'étend jusqu'à l'actuel Ghana et à la Tunisie contemporaine.

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