L'effondrement de l'émirat, l'anarchie et les formes supplétives de gouvernement

Références

Abdallah al-Halabi (1808/09-1869/70)

Originaire de Mésopotamie, la famille Halabi passe par Alep puis s'installe à Damas en 1792/93. Abdallah al-Halabi tient le poste de maître à Qubbat al-Nasr en 1844, après le décès de son père. Nommé « chef des savants [religieux] » (ra'ïs al-ulema), il tient maison ouverte. Les biographes le considèrent comme « le chef des notables qui a su résoudre les difficultés du peuple de toutes les classes ». Son influence est considérable sur le cheikh al islam d'Istanbul. Il est considéré par le consul français comme la figure plus énigmatique et la plus compromise durant les évènements de 1860 qui sont dirigés par les forces anti-Tanzimat d'Istanbul. M. Outrey est convaincu « qu'il est matériellement impossible qu'aucun mouvement ait lieu à Damas sans son consentement ». Un chroniqueur chrétien anonyme écrit que les émeutes commencent à la suite d'une entrevue donnée par Abdallah à la Grande Mosquée. A la suite des événements, Abdallah est exilé à Izmir. Il retourne à Damas après l'amnistie générale et décède quelques années après où il reçoit des funérailles en grande pompe.

Abdel Qader ibn Muhyi al-Din (1808-1880)

Emir ayant reçu une formation religieuse dans la confrérie Qadiriyya. Il s'oppose militairement à la conquête française jusqu'en 1847. Il demeure cinq ans en résidence forcée en France. En 1853, il s'installe à Bursa, dans l'Empire ottoman, puis gagne définitivement Damas en 1855. Il obtient la reconnaissance des Puissances européennes et des dignitaires ecclésiastiques pour son intervention au moment des massacres de Damas.

Ahmad Arslan (1798-1847)

Né à Bchamoun et élevé à Chouayfat. En 1825, il prend le parti de cheikh Béchir Joumblatt contre l'émir Béchir II et fuit au Hauran. Il retourne au Liban et verse une rançon à cause de son opposition au gouverneur. Ne se sentant pas à l'aise, il se retire en Anatolie, puis à Acre auprès de Abdallah pacha qui l'installe dans un village près de Safad avec une rétribution mensuelle. Il s'oppose à la campagne d'Ibrahim pacha et combat contre lui à Emese et à Koniah. Il revient au Mont-Liban en 1840 après l'évacuation de l'armée égyptienne. Il devient le premier caïmacam druze de la partie méridionale du Mont-Liban en 1843, grâce à une entente entre les notables de la communauté. Il joue un rôle de conciliateur parmi eux et se maintient jusqu'à sa destitution par Chekib effendi à cause des évènements de 1845. Il s'installe à Beyrouth et meurt du choléra en 1847.

Amin Chéhab

Troisième fils de Béchir II. Il prend en charge plusieurs missions civiles et militaires au Mont-Liban puis part en exil avec son père à Istanbul en dépit du fait que les Ottomans déclarent, en 1844, qu'aucune pétition ne peut être présentée en faveur des Chéhab. C'est là qu'il se convertit à l'islam.

Assaad Pacha (1785-1847)

Wali de Sidon entre septembre 1842 et avril 1845, il contribue à appliquer le régime du caïmacamat. Impartial, il impose son respect à la population et aux consuls européens.

Chékib Effendi

Commissaire de la Porte en Grèce en 1834-1835, diplomate, il signe la convention de Londres le 15 juillet 1840 au nom du gouvernement ottoman. Il devient ministre des Affaires étrangères et associe son nom aux tartibates (« arrangements ») du 22 juin 1845 qui consolident le régime du caïmacamat réorganisé.

Colonel Rose (1801-1885)

Hugh Rose exerce une carrière militaire en Angleterre, Irlande, Malte, Liban, Syrie, Crimée et Inde. Palmerston le désigne consul général à Beyrouth en avril 1841 ; il y demeure en poste jusqu'en 1848. Il aide les missionnaires américains à s'installer au Liban, contribue à étendre la protection anglaise aux druzes et se mêle aux événements de cette période. Il laisse au Foreign Office une grande correspondance qui reflète le point de vue anglais sur la « question d'Orient » et sur la situation au Mont-Liban.

Constantin Basili (1809-1884)

Orientaliste, écrivain et diplomate russe, né dans une famille aisée connue pour son opposition aux Ottomans. Son grand père appuie la rébellion en Albanie en 1772 et son père soutient le mouvement grec d'indépendance en 1821. Il est nommé ministre des Affaires étrangères en Asie en 1833, puis consul à Beyrouth en 1838 dans un contexte d'émulation entre les Puissances pour contrôler l'Empire ottoman. Basili défend les intérêts de son pays et ceux de ses coreligionnaires orthodoxes. Il leur fait comprendre que les Russes sont les seuls à pouvoir les protéger, c'est la raison pour laquelle ils doivent être solidaires. Il reste en place entre 1839 et 1845 et s'occupe de la crise égypto-ottomane et des prodromes de la guerre de Crimée. Il laisse un ouvrage intitulé La Syrie et la Palestine sous les Ottomans.

Haïdar Aboullama (1787-1854)

Premier caïmacan chrétien de la partie septentrionale du Mont-Liban. Haïdar administre le Matn et le Kesrouan, fiefs traditionnels de sa famille. Il participe à la révolte contre Mehmet Ali en 1840 et prend le chemin de l'exil vers le Soudan jusqu'en 1841. Il s'oppose aux menées des Ottomans et des druzes et lutte contre le banditisme sur la route Beyrouth-Damas.

Ibrahim pacha

Ibrahim pacha (1789-1848) est le fils adoptif de Mehmet Ali. Après avoir conquis la région (1830-1831), il la gouverne jusqu'en 1840. Ses victoires successives sur l'armée ottomane l'amènent aux portes de Constantinople et provoquent l'intervention des grandes puissances pour sauver l'Empire d'un effondrement imminent. Clément et tolérant au départ, le régime égyptien finit par indisposer la population qui se révolte contre les taxes excessives et la conscription. La quadruple alliance formée par l'Angleterre, l'Autriche, la Prusse et la Russie, profite du soulèvement des montagnards pour expulser Ibrahim pacha. Il fait une tournée en France et meurt avant de pouvoir succéder à son père.

Jamal pacha al-Saffah (1872-1922)

De formation militaire, il participe à la conspiration des Jeunes Turcs au sein du Comité Union et Progrès. Après la révolution de 1908, il est membre du comité exécutif de l'Ittihad we-Terakki et participe à la répression de la contre-révolution de 1909. Il prend part aux guerres balkaniques de 1912 et 1913. Il devient membre du triumvirat officieux avec Enver pacha et Talaat pacha. De novembre 1914 à décembre 1917, il commande la IVe armée ottomane, gouverne les provinces syriennes et conserve le portefeuille de la Marine. Il est responsable de la famine imposée au Mont-Liban, comme de pendaisons sans jugement.

Joumblatti

Famille de notables d'origine kurde qui essaye de se rendre autonome à Killis et à Alep. Certains descendants s'installent au Mont-Liban au XVIIe siècle, adoptent la croyance druze et se mêlent aux luttes de pouvoir déclarées sous les Maan. Le cheikh Ali (1690-1778), chef spirituel et politique, assoie l'autorité de la famille, acquiert une notoriété régionale et participe aux dissensions de la famille Chehab. Il soutient en 1760 l'émir gouverneur Mansour contre son corégent Ahmad, puis il le discrédite et pousse au pouvoir l'émir Youssef fils de l'émir Melhem. Il aide l'émir Youssef pour arrêter la poussée de Dahir al-Umar vers le Mont-Liban en connivence avec ses coreligionnaires chiites, puis il se laisse gagner par Jazzar pacha et s'oppose à l'émir. Le cheikh Ali meurt en 1778, son fils Béchir le remplace. Cheikh Béchir aide Béchir II à accéder au pouvoir et tient la haute main sur les affaires de la Montagne jusqu'en 1823. A ce moment, le cheikh essaye d'évincer l'émir et une lutte acharnée se déclare entre les deux hommes qui se termine par la défaite et la mort du cheikh Béchir à Acre en 1825. Les Joumblatt conservent leur influence durant la période de troubles qui suit la chute de l'émirat en 1840. Le cheikh Said acquiert un prestige supérieur au caïmacam Arslan. Impliqué dans les évènements de 1860, il meurt en prison en 1861. Son fils Nassib (1855-1922) dispute le caimacamat du Chouf aux Arslan. Le prestige de cette maison se perpétue dans l'Etat du Liban avec Madame Nazirah (1890-1951), Kamal Bey (1917-1977) fondateur du Parti socialiste progressiste et son fils Walid Bey.

Khanjar Harfouche

Notable chiite, il dirige la région de Baalbek au nom du pacha de Damas.

Khazen

Voir Partie II, chapitre 3

Khorchid pacha

Wali de Sidon en 1860, appartient à un parti défavorable à toutes les réformes de l'ère des Tanzimat.

Klemens Wenzel prince de Metternich (1773-1859)

Diplomate et homme d'Etat autrichien, catholique. Ambassadeur à Paris (1806-1809), puis ministre des Affaires extérieures, il fait entrer l'Autriche dans la coalition contre la France napoléonienne. Ame du Congrès de Vienne (1814-15), il rétablit la puissance de l'Autriche en Allemagne et en Italie. Chancelier à partir de 1821, il est renversé par la révolution de mars 1848.

Mehmet Ali

Mehmet Ali (1769-1849), d'origine albanaise, fonde une dynastie de khédives qui gouvernent l'Egypte entre 1805 et 1952. Après avoir écrasé les Mamelouks, il tente d'introduire des réformes dans tous les secteurs. Il coopère avec le sultan ottoman dans ses luttes contre les wahhabites et les indépendantistes grecs. Il domine la Palestine et la Syrie entre 1832-1840 croyant pouvoir compenser ses pertes en Grèce et ériger un royaume arabe. Cette entreprise lui attire l'hostilité ouverte du sultan. Celui-ci profite de l'insurrection de 1840 et de l'appui des puissances européennes signataires du traité de Londres le 15 juillet 1840 pour le chasser des domaines conquis, en lui accordant toutefois un titre héréditaire sur l'Egypte.

Mohammad Pacha

Wali de Sidon, pour une très courte durée, au cours de l'année 1845.

Moustapha pacha

Wali de Sidon en 1841, chargé de remettre l'ordre au Mont-Liban après l'exil de Béchir II et de mettre fin au mandat des Chéhab. Mission rendue difficile par la situation économique des soldats eux-mêmes et par la rumeur selon laquelle sa présence vise à aider les druzes et à affaiblir les maronites.

Omer Pacha (1806-1871)

Haut officier ottoman, surnommé al-Namsawi l'« l'Autrichien ». Né en Croatie sous le nom de Michel Lettes, il se convertit à l'islam. Il fait une carrière dans l'administration ottomane, ce qui le conduit à exercer la charge de gouverneur. Metternich ne montre aucun respect pour celui qu'il considère comme un « rénégat ».

Paul Massaad (1806-1890)

Après avoir suivi des études à Rome, il devient secrétaire du patriarche Youssef Hobeich. Il est élu patriarche en 1854. Constamment sollicité pour intervenir dans les affaires civiles, il se déplace dans certaines capitales (Rome, Paris, Constantinople...) pour y trouver des soutiens.

Richard Wood

Richard Wood (1806-1900) mène une carrière diplomatique à Constantinople, Damas et Tunis avant de se retirer en 1865. Bon connaisseur de la région depuis 1832-1833, et ayant appris l'arabe au milieu des années trente, il est l'instigateur du soulèvement contre Mehmet Ali au Liban en 1840. Il exerce une action décisive en faveur de Zahlé en 1841 et conserve une image de « fin diplomate » dans l'imaginaire collectif libanais. Eu égard à son catholicisme, Palmerston refuse de le désigner consul général à Beyrouth, et le nomme consul à Damas. Il laisse une immense correspondance diplomatique (partiellement publiée) concernant son expérience.

Selim pacha

Wali de Sidon en 1841, il distribue les armes aux habitants du Mont-Liban, ce qui favorise la discorde, aggrave la situation, et vise à prouver que la présence de l'Empire ottoman est primordiale parce que la tutelle directe est la seule garante de la paix.

Tanios Chahine (1815-1895)

Semi-lettré, ex-muletier et ex forgeron, il s'auto-désigne « Robin Hood ». maréchal-ferrant, chef de la révolte paysanne contre les féodaux de la Montagne au Kesrouan. Malgré tout ce qu'il est dit sur son caractère dur, il porte en lui un sentiment démocratique car il considère qu'il est temps que le peuple gère lui même ses affaires et qu'il participe à la vie politique.

Wajihi Pacha

Désigné wali de Sidon en avril 1845, sa réputation de conservateur le devance avant son entrée en service. Il ne fait rien pour arrêter la guerre druzo-maronite qui éclate en mai 1845, il est même soupçonné de semer la discorde. Les consuls des Puissances critiquent son conservatisme et sa partialité envers les druzes. Il quitte sa fonction au début de l'année 1846.

Youssef Hobeich (1787-1845)

Elève de l'école Ayn Warqa, il devient patriarche en 1823. Il réforme la discipline et la liturgie du rite maronite. Il entend jouer un rôle d'arbitre dans les événements conflictuels qui touchent sa communauté entre 1830 et 1845. Il s'oppose au prosélytisme protestant. Il élabore un projet politique autonomiste et progressiste.

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