Extrait d'un ouvrage de Marmol Karbajal

Il y avait à Fès, la nouvelle ville, la communauté locale des juifs, qui se trouvait avant dans l'ancienne ville. Chaque fois qu'un sultan mourrait, ils étaient victimes de vols et de cambriolages, aussi furent-ils installés là-bas pour leur assurer plus de sécurité. En contrepartie, ils devaient payer deux fois le tribut. Il y avait, dans ce quartier, une grande place entourée de magasins, des maisons joliment construites et une activité commerciale. Les juifs y vivaient comme si c'était une ville à part. Leur nombre dépassa les dix mille, car chaque maison comprenait quatre ou cinq familles. Ils avaient été, dans leur majorité, expulsés par les Rois Catholiques. Parmi eux on pouvait compter des riches. Un homme âgé ou un ouvrier se chargeait de gérer leurs affaires. Il collectait, donc, ce qu'ils devaient payer à l'émir, pour éviter de subir des sévices. Il ramassait les charges et taxes imposées à leurs fabriques et marchandises, car ils s'acquittaient de tributs sur tout ce qu'ils fabriquaient ou vendaient. Ils étaient victimes de mauvais comportements... mais malgré cela leur conduite était correcte. Ils montrèrent une grande intelligence dans les transactions commerciales, jusqu'au point que les sultans et les grands dignitaires leur confièrent la gestion de leurs finances, car les Marocains n'étaient point portés sur l'épargne et ne comprenaient pas ces petits détails. Ce qui fait que chacun avait un intendant juif. De sorte qu'ils les ont gardés, et cela pour le bénéfice des juifs.

Marmol Karbajal, Ifriqiyya, Rabat, 1984, p. 156.

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