La représentation de l'émigration par des intellectuels libanais établis en Egypte

Références

Abdulhamid II (1842-1918)

34e sultan ottoman (1876-1909), surnommé par ses adversaires le « sultan rouge ». Il est porté au pouvoir à la suite d’une révolution de Palais conduite par le grand vizir réformateur Midhat Pacha, mais il renvoie ce dernier et suspend la Constitution de 1876 qui établissait une monarchie parlementaire en garantissant les libertés individuelles et religieuses. Son règne est caractérisé par une direction autoritaire, à la suite de la suspension de la Constitution, le sultan n’hésistant pas à recourir à la violence, dans un contexte où l’Empire ottoman est menacé de dislocation par des forces internes exprimant des revendications nationales et par les appétits des Puissances. Plusieurs révoltes sont réprimées dans le sang. Le sultan est déposé puis emprisonné par les Jeunes Turcs en 1909.

Ahmad Shawki (1870-1932)

Ecrivain, grand orateur, surnommé « L’émir des poètes arabes ». Né en Egypte, d’origine turque et tcherkesse par son père, turque et grecque par sa mère, il se fait grand défenseur de la cause patriotique égyptienne. Proche du khédive jusqu’en 1914, il est contraint à l’exil à Barcelone par les Britanniques entre 1914 et 1920.

Daoud Barakât (1868-1933)

Journaliste, écrivain, politicien libanais. Promoteur de la démocratie, il émigre en Egypte en 1887 pour fuir le despotisme ottoman. Secrétaire de rédaction du journal Al-Mahrûssa, il publie également des articles dans Al-Nil, Al-Qahira, puis il fonde le journal Al-Akhbar (« Les Informations »). Il dirige la rédaction du plus grand quotidien, Al-Ahrâm (« Les Pyramides »), de 1899 à la fin de sa vie. Il est considéré comme une source de référence dans le monde du journalisme.

Evelyn Baring, lord Cromer (1841-1917)

Diplomate, administrateur colonial et essayiste britannique. Il est Contrôleur général en 1879, 1e Consul général d'Egypte de 1883 à 1907, date de sa démission, puis membre de la Chambre des Lords. En 1910, il publie Ancient and Modern imperialism, essai de comparaison des Empires romain et britannique.

Farouk (1920-1965)

Dernier roi d’Egypte (1936-1952). Le début de son règne suscite de grands espoirs dans les milieux nationaliste et azharien. Mais la politique britannique durant la Seconde guerre mondiale, l’échec dans la guerre face à Israël et son goût pour les plaisirs mondains précipitent sa chute à la suite de la révolution menée par les « Officiers libres » en 1952. Son fils, âgé de sept mois, lui succède alors, mais la République est proclamée l’année suivante.

Fouad Ie (1868-1936)

Sultan en 1917 puis roi d'Egypte après la reconnaissance officielle de l'indépendance formelle de son pays par le Royaume-Uni. Très influencé par une éducation européenne, il tâche de doter l'Egypte d'institutions modernes en vue de l'affranchir de la tutelle britannique. Personnalité autoritaire, ambitionnant sinon de récupérer la dignité califale du moins de devenir la personnalité politique de référence pour le monde majoritairement musulman, il se heurte régulièrement à la représentation nationale dominée par le Wafd. L'opinion publique le contraint cependant à revenir sur des mesures visant à limiter le rôle du Parlement.

Gabriel Takla pacha (1889-1943)

Journaliste libanais né en Egypte, héritier du quotidien Al-Ahram qu’il dirige de 1912 à sa mort. Il fait de cette organe de presse un journal arabe rénové, le premier disposant de ses propres reporters dans le monde. Il est surnommé « la société des nations » en raison du nombre de représentants dont il dispose. Il participe, comme directeur de ce quotidien, à la convention de Montreux (1937) qui abolit le système capitulaire en Egypte. Il obtient le titre de « pacha » et est élu deux fois au Parlement égyptien.

Hâfiz Ibrahim (1872-1932)

Officier, poète et journaliste égyptien. Surnommé le « poète du Nil » parce qu’il dit s’exprimer au nom de tous les Egyptiens, il charge ses poèmes de commentaires politiques et sociaux. Rédacteur d’Al-Ahram à partir de 1911, il participe activement à la révolution de 1919.

Huda Sha‘arâwî (1879-1947)

Chef de file du mouvement de libération des femmes égyptiennes. Fille de Muhammad Sultan, premier président du Conseil représentatif égyptien, et d’une esclave circassienne, elle est la fondatrice et la première présidente de l’Union féministe égyptienne. Elle participe à la mobilisation des femmes au cours de la révolution de 1919. En 1923, à son retour d’une réunion féministe internationale tenue à Rome, elle se dévoile publiquement en gare du Caire. Dans la lignée de Qâsim Amin, elle œuvre toute sa vie contre la séquestration de femmes, pour la promotion de leur instruction et de l’égalité entre les sexes. Membre de l’Union féministe arabe, elle est nommée vice-présidente de l’Union féministe internationale. Ses écrits sont rassemblés dans un ouvrage : Mémoire et martyr de l’arabisme.

Lutfi al-Sayyed (1872-1963)

Journaliste et homme politique égyptien. Il est l’un des pionniers du libéralisme politique et culturel et l’un des promoteurs de la modernisation de l’instruction en Egypte. Co-fondateur du parti Al-Umma (« La Nation ») en 1907, il préside pendant sept ans Al-Jarida (« Le Journal »). Il fait partie de la délégation conduite par Saad Zahgloul en 1919. Directeur de l’Université égyptienne de 1925 à 1941, il ouvre cette institution aux jeunes femmes. Réputé pour sa culture et sa connaissance de la langue arabe, il se heurte à plusieurs reprises aux oulémas d’Al-Azhar, notamment pour son soutien en faveur de Taha Husayn. L’Etat lui décerne un prix honorifique des sciences sociales en 1958.

May Ziadeh (1886-1941)

Femme de lettres, écrivaine, poète, oratrice et journaliste libanaise. Elle émigre en Egypte avec sa famille en 1907. Imprégnée de culture occidentale, elle pratique six langues et écrit en français et en arabe. Première femme arabophone universitaire, elle s’inscrit à l’Université Égyptienne dans la section littéraire pendant trois ans jusqu’en 1922. Elle consacre sa vie à la liberté, à la défense des droits de la femme et à son évolution. Elle publie ses écrits dans Al-Mahroussa (« La Protégée ») que son père dirige, Al-Hilal (« Le Croissant »), Al-Zûhûr (« Les fleurs ») et Al-Muqtataf (« La Sélection »).

Muhammad Al-Asmar (1900-1956)

Poète et journaliste égyptien. Il occupe plusieurs fonctions dont celle de correcteur du journal Al-Ahrar (« Les Libéraux »), de conservateur de la bibliothèque d’Al-Azhar, de conservateur des biens de la Direction générale pour les écoles religieuses et de membre du Comité du poème pour la sauvegarde des arts et de la littérature en Egypte.

Muhammad Al-Tabii (1870-1932)

Journaliste égyptien, surnommé « prince du journalisme » et al-Ustaz (« Le Maître »). Il est le premier à rejoindre Rose Al-Youssef en 1923. Il crée, en 1934, l’hebdomadaire Akher Sa‘a (« Dernière heure ») qu’il vend ultérieurement à Akhbar al-Yawm (« Les Nouvelles du Jour »). Il est le co-fondateur, avec Mahmûd Abû al-Fath, d’Al-Masri (« L’Egyptien »).

Muhammad Saïd (1863-1928)

Politicien et poète égyptien d'origine turque, 1e Ministre de 1910 à 1914 et à nouveau en 1919, ministre de 1924 à 1926. Membre du Parti national de Mustafa Kamel, il est un ardent défenseur du khédive.

Mustafa Kamel (1874-1908)

Ecrivain, journaliste et leader politique égyptien. Fondateur de deux journaux, Al-Mû’ayyid et Al-Liwa (« La Bannière »), il publie également des articles en langue française dans La Nouvelle Revue. Auteur du Livre de la cause orientale, il crée le Parti national en 1907 et décède l’année suivante.

Saad Zaghloul (1858-1927)

Avocat, journaliste et homme politique égyptien, il fonde et dirige le Wafd. Ministre en 1906 et 1910, il dirige une délégation d’Egyptiens visant à obtenir l’indépendance de l’Egypte après la Grande Guerre. Exilé à Malte avec ses compatriotes par les Britanniques, ce qui provoque les troubles révolutionnaires de 1919, il est désigné 1e Ministre en 1924, lorsque son parti remporte les élections législatives.

Sarah Bernhardt (1844-1923)

Comédienne et vedette légendaire, fille d'une courtisane, surnommée « la divine Sarah », « la voix d'or » ou même « la scandaleuse ». Connue dans le monde entier, elle dirige le Théâtre de la Renaissance à partir de 1893 et monte ensuite sa propre troupe au Théâtre des Nations. Amputée d'une jambe, elle continue à jouer des rôles dans lesquels elle n'a pas besoin de bouger, ce qui contribue à nourrir sa légende.

Taha Husayn (1889-1973)

Poète, essayiste, romancier, critique littéraire, journaliste de presse politico-littéraire, traducteur et ministre de l’Instruction publique, il est surnommé le « doyen de la littérature arabe ». Aveugle en raison d’une maladie mal soignée lors de sa petite enfance, sa vie est une lutte incessante contre le fatalisme, l’ignorance et l’immobilisme. Formé à al-Azhar, puis à l’Université égyptienne, il poursuit des études en France (Montpellier, Paris) avant de revenir en Egypte. Il formule une vive critique à l’encontre du rapport à la littérature et à l’histoire dans le monde de langue arabe majoritairement musulman. Sujet d’une controverse violente au milieu des années 1920 pour avoir remis en question le discours sur la poésie dite « anté-islamique » et l’historicité de la figure d’Abraham-Ibrahîm, il revient dans son pays après un bref exil pour être nommé à des fonctions de direction dans le système universitaire moderne de l’Egypte. Comme ministre de l’Instruction publique, il établit la gratuité de l’enseignement primaire. Ses romans, parmi lesquels le Livre des Jours, qui raconte son enfance, sont traduits dans une douzaine de langues.

Tala'at Harb (1867-1941)

Economiste, écrivain, journaliste et essayiste égyptien. Opposé en partie à la transformation des mœurs –notamment dans les rapports entre hommes et femmes- conçue comme une « européanisation », il accepte, au nom du combat national, le travail féminin et les règles du jeu du capitalisme libéral en fondant la Banque Misr (Banque d’Egypte) avec des fonds uniquement égyptiens. Il crée également la Société égyptienne de la filature et du textile en 1927 et fait partie du premier comité de direction d’EgyptAir en 1932.

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