La prise de Drogheda (septembre 1649) vue par Cromwell
Le mardi 10, à environ cinq heures de l'après-midi, nous avons commencé l'assaut, et après un violent combat nous sommes entrés, environ 700 ou 800 hommes, mais l'ennemi se défendait très rudement en profitant des avantages du lieu et nos hommes durent reculer [...]. Cependant, désireux de réparer leurs pertes, ils ont donné un second assaut et Dieu a daigné leur donné si bon courage qu'ils triomphèrent des ennemis et que, par la grâce de Dieu, ils les obligèrent à quitter leurs retranchements, de sorte qu'après un très rude combat nos hommes sont restés maîtres des retranchements et de l'église [...].
Les ennemis se sont retirés sur le Mill-Mount, lieu très escarpé et d'accès difficile, entouré de fortes palissades, où nos hommes les ont capturés, avec le gouverneur Sir Ashton et plusieurs des principaux officiers, que j'ai ordonné de passer tous au fil de l'épée. A la vérité, dans le feu de l'action, j'interdis d'épargner la vie d'aucun homme en armes, et je pense que cette nuit-là il y a eu environ 2 000 hommes passés au fil de l'épée dans la ville [...]. Plusieurs des officiers et soldats s'étaient enfuis par le pont dans l'autre partie de la ville, et une centaine s'étaient réfugiés dans le clocher de l'église Saint-Pierre auquel je fis mettre le feu, et on entendit l'un d'entre eux crier au milieu des flammes : « Dieu me damne, Dieu me maudit, je brûle, je brûle ».
Le lendemain, environ 120 ou 140 ennemis réfugiés dans les deux autres tours ont refusé de se rendre, mais sachant que la faim les obligerait à sortir nous nous sommes bornés à placer des gardes pour les empêcher de s'enfuir et quand leurs estomacs ont été vides ils ont fait leur soumission, sur quoi je fis assommer leurs officiers et mettre à mort un soldat sur dix, les autres étant déportés à la Barbade [...].
Je suis certain que tout ceci a été un juste jugement de Dieu sur ces maudits barbares qui ont trempé leurs mains dans le sang innocent. Ce qui a permis à nos hommes de monter à l'assaut si courageusement est l'Esprit de Dieu qui leur a insufflé le courage et donné la victoire, de sorte qu'il est bon qu'à Dieu seul revienne la gloire.
Lettre de Cromwell au Parlement d'Angleterre, 17 septembre 1649, dans W. C. Abbott (éd.), Writings and speeches of Oliver Cromwell, Cambridge, 1939, t. II, p. 125-128.