Le projet

La Déclaration d’Agadir, élaborée au printemps 2008, a permis le lancement d’un « Espace Numérique ouvert Pour la Méditerranée (e-OMED) ». Cet espace est composé de « Communautés thématiques » dans lesquelles les sciences dites exactes sont largement représentées. Afin de promouvoir le « développement humain par l’accès aux savoirs » et valoriser un « patrimoine commun » entre Sud et Nord de la Méditerranée, nous pensons que les sciences humaines doivent trouver leur place dans cet espace numérique. L’intérêt porté par l’UNESCO au projet e-OMED, dès son origine, en est une illustration.

L’enjeu est d’importance, notamment en Histoire qui est la spécialité que nous représentons. Pour analyser les faits de sociétés, les dits et les gestes, les conflits ou les rencontres et, d’une manière générale, les traces des siècles écoulés, étudiants et étudiantes ont de plus en plus recours à l’outil numérique qui, en tant que tel, ne propose pas ou peu de garantie quant au contenu véhiculé. Le besoin de validation scientifique du propos est nécessaire. L’Université reste le lieu par excellence de cette validation.

En proposant d’inscrire notre démarche dans le cadre de l’histoire -une histoire euro-méditerranéenne-, nous avons pleine conscience de ne pas faire le choix de la facilité. Le passé, tel qu’il est exprimé dans nos articles et ouvrages, est marqué du sceau d’œuvres magistrales et d’élans de solidarité tout autant que de massacres et de destructions. Nous savons que notre discipline rebute les âmes fragiles comme les esprits dogmatiques : nous prenons les êtres humains tels qu’ils ont été et non tels que nous aurions voulu qu’ils soient. Nous pouvons assumer cette entreprise avec la conviction que nous ne sommes pas comptables de ce qu’ont fait nos aînés, mais que nous sommes responsables de la manière d’en parler.

Il y a donc un défi à relever pour faire converger les écritures de cette histoire à destination des étudiants et étudiantes ayant en partage la maîtrise du français et d’au moins une autre langue vivante (arabe, anglais, allemand, espagnol, italien). Enseignants-chercheurs liés aux institutions universitaires de quatre pays (Suisse, Maroc, Liban, France), nos travaux sont reconnus nationalement et internationalement. Notre tâche sera réalisable à une condition : nous devons pouvoir discuter librement de tous les sujets sans exception ; le seul discriminant doit être le niveau de compétence portant sur l’objet étudié.

Envisageant d’établir un partenariat en vue d’objectifs concrets, nous bénéficions d’expériences complémentaires et de réalisations pilotes : le « Bachelor » numérique de l’Université de Genève et le « Master » par enseignement à distance de l’Université du Maine. Convaincus de la pertinence d’une action commune, scientifique et pédagogique, et soutenus par les membres de nos départements respectifs, nous nous déclarons prêts à travailler en vue de la réalisation de modules d’enseignement en version numérique ayant pour cadre l’Histoire euro-méditerranéenne.

Abdelkrim MADOUN, Professeur, Université Ibn Zohr d’Agadir (Maroc)
Michel GRANDJEAN, Professeur, Université de Genève (Suisse)
Karam RIZK, Professeur, Université Saint-Esprit de Kaslik (Liban)
Dominique AVON, Professeur, Le Mans Université (France)
Vincent VILMAIN, Le Mans Université (France)
Cécile VANDERPELEN, Université Libre de Bruxelles (Belgique)