Religions et Argent

En guise de conclusion

Comment donc expliquer que dans de nombreux pays majoritairement musulmans dont l'islam est la religion d'Etat – à l'image du Maroc, les règles de la finance islamique ne soient pas les seuls prises en compte et qu'il existe au contraire une forme de sécularisation de la finance permettant le prêt à intérêt ou ribâ?

Tout d'abord, si tous les musulmans se réfèrent à la même source, la shar'ia, les interprétations doctrinaires diverses divisent les en deux tendance : ceux qui prohibent totalement et intégralement le ribâ, ou prêt à intérêt ; et ceux qui élaborent de ruses permettant de contourner, par la loi, ce qui est interdit, en offrant, sous couvert de nécessité, la possibilité de contracter des prêts à intérêt pour l'accès au logement ou pour l'achat de véhicule. Ensuite, de nombreux pays majoritairement musulmans ont connu par le passé une forme de sécularisation législative, en particulier dans le cadre colonial – c'est le cas pour le Maroc avec la colonisation française. Enfin l'adhésion aux règles de la finance islamique par un État peut être en partie intéressée. En effet, dans le cas du Maroc, il s'agit à la fois d'attirer des investissements venus des pays du Golfe et d'attirer vers les circuits bancaires l'argent des pieux marocains refusant de mettre leurs économies dans des banques pratiquant le prêt à intérêt et ainsi favoriser la croissance économique et les investissements. A cette fin les transactions des banques islamiques peuvent rapporter plus que le système conventionnel basé sur le taux d'intérêt contrôlé par la banque centrale.

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