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Concrètement, en quoi le fait d'être chrétien influe-t-il sur l'attitude du chef d'entreprise, par exemple s'il se retrouve dans l'obligation de licencier ?

Bertrand Martin - Cela va se traduire dans son comportement. Il va devoir se demander : « Pourquoi est-ce que je licencie ? et comment je licencie ?» Le licenciement peut être nécessaire, voire obligatoire, pour répondre à l'évolution du marché. Cette décision technique peut être parfaitement légitime, peut-être même son devoir est-il de licencier rapidement et sans attendre. Le pourquoi donne le sens ; le comment conduit aux mesures d'accompagnement et d'aide au reclassement et au dialogue.

Jean-Pierre Audoyer - On trouve cette distinction entre le pourquoi et le comment dans la doctrine sociale de l'Église avec la distinction entre intérêt général et bien commun. Le pourquoi correspond à l'intérêt général, qui comporte une dimension d'efficacité liée à la raison d'être de l'entreprise - le service du client. Et le comment coïncide avec le souci du bien commun, qui suppose de n'abandonner personne au bord de la route. L'intérêt général et le bien commun ne s'opposent pas, l'intérêt général est même une dimension du bien commun.

B. M. - Oui, et j'ajouterai que le chrétien n'est jamais quitte. Car le christianisme est la religion de l'amour, et on n'est jamais quitte avec l'amour : ce n'est pas parce que je pense avoir bien agi que j'ai fait tout mon possible. Plus tard, je peux me rendre compte qu'il était possible de faire plus et mieux. Au souci des hommes s'ajoute pour le chrétien une dimension infinie, celle de l'amour, source de vie.

André Courtaigne - Ah oui ! Nous devons être des entrepreneurs « par amour ». C'est l'intention que nous mettons dans nos actes qui fait que nous agissons en chrétien. »

 

Philippe Oswald et Emmanuel Bour, « Comment être patron et chrétien ? », Famille chrétienne, 22/03/2003, Numéro 1314.

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