Récit de la passion de Thérèse Neumann, reproduit dans Etudes carmélitaines, 1931, p. 70-75.

La première chose que je vois toujours c'est le Christ au mont des Oliviers. Je le vois avec trois disciples. Il se remue beaucoup. il tombe bientôt à genoux. Au bout d'un peu de temps il se relève, joint les mains et regarde à plusieurs reprises vers le ciel. Dans cette prière et dans toute la lutte et agonie de Jésus, je puis distinguer clairement trois phases, car l'agonie au jardin du Mont des Oliviers se présente à moi en trois visions. C'est dans la seconde prière que Jésus est au plus dur de la lutte. Je vois d'abord apparaître sur son visage de petites gouttes rouges et tout à coup le sang commence à couler. [....] Après quelques temps je vois qu'on le déshabille pur le flageller, et je vois la terrible flagellation elle-même. La colonne à laquelle le Sauveur est attaché est assez haute. Il y est attaché par les mains de façon que le corps est fortement tendu. Les pieds reposent pourtant sur le sol. Jésus est frappé violemment par deux hommes à la fois. Les bourreaux changent à deux reprises si bien que six hommes le flagellent. Le cher Sauveur est flagellé sur tout le corps. D'abord sur le dos. Puis on le tourne et on le flagelle par devant. Le dépouillement de tous ses habits le peine de la manière la plus dure. Sous les coups nombreux, la peau enfle puis elle se déchire et le sang coule, si bine que tout le corps est cruellement déformé et rougi de sang et de plaies. Quand les soldats ont satisfait leur cruauté, ils délient le Sauveur qui s'effondre. C'est lamentable à voir. Tout à coup, cette vision s'achève. Alors je pense de nouveau à ce que j'ai vu.[...] Pendant que je dois voir tout cela je ne reçois pas moi-même une aussi terrible couronne, mais la cruelle vision me fait épouvantablement mal.[...] Les jeudis et vendredi je ne suis pas continuellement en vision. Entre deux, je reviens un peu à moi. Quand je dis : je reviens un peu à moi, je ne fais que me servir d'une expression courante car, pendant les visions, je ne suis pas du tout inconsciente comme on le croit peut être. Ceux qui m'entourent eux-mêmes peuvent voir que je ne dors pas ni ne rêve, que je ne suis pas absente d'esprit. Autrement je ne pourrais pas me rappeler tout comme je fais en réalité ou même je n'aurais aucun souvenir. Mon esprit est saisi de la manière la plus vive par ce que je vois et occupée de ce qui se joue devant mes yeux... je suis toute prise par la vue de Jésus qui, à lui seul, m'absorbe complètement. »

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