Domnina

Théodoret de Cyr, Histoire des moines de Syrie, t.2, XXX.

L'admirable Domnina, ayant résolu d'imiter la vie de Maron l'inspiré dont j'ai plus haut fait mention, se dressa une petite cabane dans le jardin de la maison de sa mère.

Au chant du coq, elle se rend au temple divin qui n'est guère loin de là, pour adresser avec tout le monde, femmes et hommes, ses louanges au maître de l'Univers. (...) Pour nourriture, elle a des lentilles bouillies. Et elle endure tout ce labeur avec un corps squelettique et à demi-mort.

Dès lors, cette femme si riche de philosophie, qui pleure, se lamente et gémit comme ces gens qui vivent dans une pauvreté extrême, en quels termes pourrait-on dignement la louer ? Car c'est l'ardent amour de Dieu qui fait naître ces larmes, quand il embrasse l'esprit pour la contemplation divine, quand il le pique de ses aiguillons et le presse de quitter la vie d'ici-bas. (...) Car il en est encore beaucoup d'autres qui ont embrassé la vie solitaire ou qui ont mené avec amour la vie commune jusqu'à être deux cent cinquante environ à vivre de la même manière, prenant toutes une même nourriture, ne voulant coucher que sur des nattes, employant leurs mains à filer et consacrant leurs langues à chanter des hymnes.

Telles sont les innombrables retraites philosophiques qu'on se décourageait à vouloir dénombrer, non seulement dans notre région, mais encore dans tout l'Orient. La Palestine en est remplie, ainsi que l'Egypte, l'Asie, le Pont, l'Europe entière. (...) En effet, depuis le jour où le Christ, notre Maître, a honoré la virginité en naissant d'une Vierge, la nature a fait pousser des prairies virginales et offre au Créateur le parfum de fleurs incorruptibles, sans distinguer entre la vertu masculine et la vertu féminine, sans diviser non plus la philosophie en deux catégories, car la différence tient aux corps et non aux âmes.

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