Extraits du martyrologe de Foxe, avec illustration

Vie et Martyre de William Tyndal.

Jean Crespin, Actes des martyrs déduits en sept livres, Genève, Jean Crespin, 1555, p. 624. Paternité - Pas d'Utilisation Commerciale

Extrait du Livre des martyrs de John Foxe

Nous allons maintenant répéter l'histoire et le martyre de William Tyndal, qui, quoiqu'il ne souffrît pas la mort en Angleterre, devrait être mis au rang des martyrs de notre pays, dont il peut, à cause de son grand zèle, de sa persévérance et de la dissémination de la vérité, être à bon titre regardé comme l'apôtre. Il naquit sur les bords du pays de Galles et fut instruit à l'université de Oxford. Il se fixa ensuite à Cambridge et ensuite à Gloucestershire il fut engagé par un chevalier nommé Welch, comme précepteur à ses enfants. A la table de ce noble plusieurs abbés, doyens et autres avaient l'habitude de se rendre, avec lesquels Tyndal parlait des hommes instruits — particulièrement de Luther et d'Érasme — et de questions concernant les Ecritures. Après un temps il arriva que le chancelier de l'évêque tint une cour à laquelle les prêtres — Tyndal parmi eux — furent sommés de paraître. Ce dernier craignit qu'une conspiration ne fut formée contre lui ; et sur son chemin, il pria Dieu avec instance de le rendre capable de porter témoignage à la vérité. Le chancelier l'injuria grièvement ; mais comme rien de défini ne put être prouvé contre lui, il s'échappa de leurs mains.

Non loin de là vivait un docteur nommé Munmouth qui avait été une vieille connaissance de Tyndal. C'est à lui que Tyndal ouvrit son cœur. Après un temps le docteur lui dit : « - ne savez-vous pas que le pape est l'Antéchrist même dont parle l'Écriture ? Mais prenez garde à ce que vous dites, car si l'on vous savait de cette opinion cela vous coûterait la vie. J'ai été un de ses officiers ; mais je l'ai abandonné et je le mets au défi lui et toutes ses œuvres. Peu de temps après Tyndal rencontra un certain théologien et en discutant avec lui, le poussa si loin que le docteur prononça les blasphèmes suivants : « Nous serions mieux d'être sans les lois de Dieu que celles du pape ».Tyndal, plein de zèle religieux répondit, « Je mets au défi le pape et toutes ses lois » et il ajouta que si Dieu l'épargnait qu'avant bien des années il ferait que le fils du laboureur connaîtrait plus les Écritures que lui.

Etant très ennuyé par les prêtres, il fut obligé de laisser le service de M. Welch. Quand il vint à Londres il fut recommandé à l'évêque Tonstall ; mais Dieu, qui conduit toutes choses suivant sa propre volonté, vit que cette démarche n'était ni pour l'avantage de Tyndal ni pour celui de son église, et en conséquence ne lui fit pas trouver grâce aux yeux de l'évêque. Il demeura à Londres près d'une année, grandement affligé de la pompe, de l'orgueil et de l'ignorance du clergé, de sorte qu'il s'aperçut non seulement qu'il n'y avait pas de place dans le palais de l'évêque pour lui où il put traduire le Nouveau Testament, mais aussi qu'il n'y avait pas de place pour lui pour le faire dans toute l'Angleterre. Il s'en alla donc en Allemagne, après cela dans les Pays-Bas et il demeura surtout à Anvers. Ayant fini une partie de sa traduction il fit voile pour Hambourg ayant l'intention de l'y publier quand une providence mystérieuse l'en empêcha. Dans son voyage il fit naufrage et perdit tous ses manuscrits et presque tout ce qu'il possédait. Toutefois, avec un vrai héroïsme moral il alla à Hambourg et en 1529 commença de nouveau le travail en compagnie de M. Coverdale. Quand la traduction du Nouveau Testament fut d'abord imprimée les prélats anglais furent remplis de colère et ne se donnèrent aucun repos jusqu'à ce qu'ils eussent poussé le roi à prendre des mesures sévères dans l'affaire. On publia une proclamation, sous son autorité qui la condamnait et la défendait. Mais non content de cela, on chercha les moyens d'embarrasser et de détruire l'auteur. En conséquence, après quelques stratagèmes et l'emploi de la trahison, Tyndal fut trahi à Anvers par un certain Phillips et mené au château de Filford à une distance de dix-huit milles, où il demeura jusqu'à sa mort. Enfin, après le laps d'une année et demie et beaucoup de discussion inutile, il fut condamné. Quand il fut attaché au bûcher il s'écria à haute voix et avec instance, "Seigneur ouvre les yeux du roi d'Angleterre!" Il fut alors étouffé, et ses restes réduits en cendres. Tel était le pouvoir et l'excellence de ce vraiment excellent homme, que durant son emprisonnement il convertit son gardien avec sa fille et d'autres de ses gens. Plusieurs de ceux qui vinrent en contract avec lui, dirent que s'il n'était pas un bon chrétien ils ne sauraient à qui se fier. Cependant il fut offert par ces prêtres modernes comme une victime à l'ignorance et à la superstition.

Source : John Foxe, Le Livre des martyrs, Montréal, 1896, pp. 132-134.

Représentation d'un martyre dans le Livre des martyrs de John Foxe

Source : John Foxe, Actes and monuments, Londres : John Daye, 1563, p. 1106. Reproduit à partir de The Unabridged Acts and Monuments Online or TAMO (1576 edition). Editorial commentary and additional information. (HRI Online Publications, Sheffield, 2011). Disponible en ligne: http//www.johnfoxe.org [dernier accès le 15 mars 2017]. Paternité - Pas d'Utilisation Commerciale

Cette gravure sur bois représente le supplice de John Rogers, le premier bûcher du règne de Marie Tudor, au moment où le mourant recommande son âme à Dieu, devant les acclamations du public et les autorités (Richard Southwell, à cheval).

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