La supériorité de l'homme sur la femme comme expression d'un contexte culturel

Dans ce passage, tiré du début de la lettre 1, Grimké explicite sa méthode : il s'agit, pour saisir quelle doit être la juste relation des hommes et des femmes, de comprendre la volonté de Dieu quand il a créé les humains. Elle annonce donc son projet de se fonder exclusivement sur la Bible et de laisser de côté les interprétations, souvent erronées à ses yeux, qui en ont été faites par les hommes. (Traduction MG)

Pour répondre à ta demande, je vais tenter d'exposer comment je vois la province de la femme. J'ai l'impression de me risquer sur un terrain presque vierge et de devoir avancer des arguments contraires à une opinion publique corrompue et à l'interprétation pervertie de l'Ecriture sainte qui a prévalu jusqu'ici. Mais je suis en quête de vérité ; et aucun obstacle ne m'arrêtera dans cette quête, car j'ai la conviction que le bien-être du monde progressera de façon décisive au fur et à mesure que nous découvrirons le dessein de Jéhovah quand il créa la femme. Nous ne pourrons jamais dire quelle est notre raison d'être si nous ne saisissons pas ce dessein. Nous ne pourrons jamais assumer nos devoirs si nous ne les comprenons pas, ni vivre conformément à nos privilèges si nous les ignorons.

Pour examiner cette matière importante et pour parler de la sphère de la femme, je me fonderai exclusivement sur la Bible. Je crois en effet que tout ou presque tout ce qui a été écrit sur le sujet est le fruit d'une mauvaise compréhension des vérités les plus simples révélées dans les Ecritures, cela en raison d'une traduction erronée de nombreux passages de l'Ecriture sainte. Mon esprit est entièrement délivré de la vénération superstitieuse en laquelle on tient la version anglaise de la Bible. Assurément, les traducteurs de Jacques Ier ne bénéficiaient pas de l'inspiration divine. Je revendique comme norme la version originale, accordant foi à son caractère inspiré, et je revendique également le droit d'interpréter par moi-même les auteurs inspirés. Je crois en effet que c'est le devoir sacré de chaque individu que de sonder les Ecritures pour elles-mêmes, avec l'aide du Saint Esprit, sans se laisser diriger par les opinions d'un homme, quel qu'il soit, ni d'aucun groupe d'hommes.

Référence : Sarah GRIMKÉ, Lettres sur l'égalité des sexes (1838), introduction, traduction et notes par Michel Grandjean, Genève, Labor et Fides, 2016 (à paraître ; cette édition fournit un important appareil de notes).

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