Les théologies féministes nord-américaines

Conclusion

Les théologies féministes offrent un bel exemple de la multiplicité de vues et de pratiques qui s'agrègent au sein du catholicisme. Bien qu'elles soient le fait d'une minorité, la production massive d'écrits qui se rattachent de près ou de loin aux revendications d'émancipation des femmes depuis les années 1970 et surtout 1980 témoignent de la vitalité de ces théologies critiques non-institutionnelles, ce qui ouvre à une compréhension renouvelée du phénomène religieux contemporain. La question de leur réception au sein des institutions catholiques et protestantes reste encore largement ouverte. Leur reconnaissance académique semble progresser, mais est encore très différenciée en fonction des régions et des aires linguistiques. Quant à leur pénétration dans les textes romains, les recherches des théologiennes féministes y apparaissent comme seulement partiellement introduites : l'attention à certains détails et formulations (comme le fait de renoncer à faire porter à Eve le poids de la faute dans le Catéchisme de 1992) n'a pas encore modifié structurellement l'économie du discours traditionnel (pour reprendre l'exemple : si les références à Eve-pécheresse ont été supprimées, les textes continuent d'exalter la « nouvelle Eve », Marie. Pour ces féministes, le chemin n'est donc qu'à moitié parcouru, puisque le rapport aux femmes reste lié à une figure idéale, même si elle n'est plus ouvertement négative). Il est difficile de prédire s'il s'agit des premiers pas annonçant de futures transformations, ou d'aménagements de surface permettant de conserver intacte la structure. Ce qui par contre est indubitable, c'est que le monde catholique produit du sens et fait communauté aussi en marge et en dehors de l'institution, selon des modalités très diverses.

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