Religions et représentation figurée

Images d'êtres vivants en contexte musulman : la distinction entre faits et normes

Les principaux éléments de l'art qualifié de « musulman » ou « islamique » sont le motif floral ou géométrique, et la calligraphie. Ils sont très présents en architecture qui, à elle seule, rassemble d'autres aspects artistiques mineurs comme l'arabesque, le travail du bois, du métal, du plâtre, du vitrail et d'autres encore. Outre cette ornementation abstraite il faut ajouter le motif figuratif. L'art islamique est intimement lié à l'espace, il favorise davantage l'intérieur que l'extérieur. C'est ainsi qu'on peut parler, par exemple, de mosquées et madrasas comme lieux de culte et d'enseignement par excellence. Le reste ressort de l'ordre privé ou civil. Cette séparation entre le rituel et le civil a divisé l'art musulman, dès son début, en deux types bien distincts : l'art religieux et l'art profane. L'aniconisme est le trait qui marque, pendant des siècles, le premier type. Tandis que, dans le deuxième, la représentation figurée d'humains et d'animaux est notablement présente. Les figures de personnes et d'animaux servent de décoration sur des espaces en plâtre, faïence, bois et verre. On les retrouve aussi sur les ustensiles domestiques comme les objets en céramique, marbre, ivoire ou autre type de matériel. Il en est de même des pages de livres de littérature ou de sciences de façon générale.

Pour les musulmans, le Coran contient la parole de Dieu, il est donc sacré. La position éminente qu'occupe ce livre dans la culture musulmane ainsi que l'esthétique propre à l'écriture arabe ont largement contribué au développement des styles ornementaux calligraphiques . En regard, la peinture ou la représentation imagée d'êtres animés occupent une place assez réduite. Au fil des siècles, ce thème suscite de nombreux débats et controverses dans le milieu des savants dont les interprétations diffèrent. L'affirmation de « l'unicité de Dieu, Seul et Unique Créateur » a, pour nombre d'entre eux, comme conséquence d'affirmer que la reproduction figurative d'êtres animés est une imitation blasphématoire d'un attribut divin. De la conception de cette caractéristique divine, de l'interprétation de certains textes coraniques, ainsi que du contenu de quelques hadiths est née la censure, voir même la phobie, envers certaines productions comme les statuettes ou les images à caractère anthropomorphique ou zoomorphique. Cette attitude iconoclaste a été justifiée par une appréhension vis-à-vis du risque d'adoration des dites productions.

Page du CoranInformationsInformations[1]

La chronologie traditionnelle de l'Islam comme civilisation, à savoir l'apparition de la religion dans la Péninsule arabique, son extension ainsi que les gloires et décadences d'autorités musulmanes sur les sociétés habitant de vastes territoires, détermine les principales étapes de l'art musulman. Un art figuratif préexiste, et il se maintient sous des modalités variées après l'avènement de la religion musulmane. Les Arabes adoptent les éléments de civilisation des pays qu'ils conquièrent et où l'image est très présente. La production de la Mésopotamie et de la Perse abbassides est fortement liée à la tradition sassanide. La Syrie omeyyade est imprégnée de l'imagerie de l'époque hellénistique et byzantine. L'Egypte est étroitement liée à la tradition pharaonique et copte et, dans Al-Andalus, c'est encore une autre synthèse spécifique qui s'exprime.

  1. HATTSTEIN, Marcus (Dir.) L'Islam arts et civilisations. Könemann, 2004, 639 pages.

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