Religions et représentation figurée

Le statut de l'image dans une culture religieuse dominée par l'écrit

L'écrit occupe une place prépondérante dans la culture religieuse qui prévaut au sein de l'empire byzantin. Cet état de fait n'est contesté par personne, y compris les iconodules. Pour l'élite sociale qui a la possibilité de donner une instruction à ses enfants, le cursus est organisé selon trois tranches d'âge : la propaideia est donnée aux enfants ayant entre six et dix ans : la lecture et l'écriture sont apprises dans les textes sacrés. La paideia est destinée aux adolescents ayant entre onze et dix-huit ans, elle est centrée sur des connaissances profanes (géométrie, arithmétique, musique, grammaire, dialectique) avec une attention particulière accordée à la rhétorique et à l'éloquence. Les élèves les plus brillants y dispensent les cours aux plus jeunes. Au-delà, l'enseignement supérieur est délivré à Constantinople, après la fermeture de l'école d'Athènes par Justinien[1] et la conquête d'Alexandrie par les Arabes.

Ceci étant, le religieux n'occupe pas la totalité du champ culturel. Les images profanes ne sont jamais interdites durant la période de la crise iconoclaste. L'art de la miniature se transmet et connaît différentes expressions. Si les sources scripturaires de l'époque permettant de mieux saisir les pratiques culturelles sont relativement peu nombreuses, il est certain que le théâtre était pratiqué, comme la danse, mais les descriptions manquent pour en appréhender les modalités.

L'épisode iconoclaste au sein de l'empire byzantin n'est pas vécu en vase clos. Outre ses conséquences au sein de l'empire carolingien, il a des incidences parmi les communautés chrétiennes qui vivent sous autorité musulmane et sur les règles adoptées par les responsables musulmans. L'aniconisme musulman est marqué par une réaction contre l'iconographie chrétienne de Syrie, il est davantage souligné dans le Hadith que dans le Coran. Par ailleurs, le programme iconographique de certains monuments, comme celui du Dôme du rocher à Jérusalem, est marqué par des influences : aux croix sur les marches de l'édifice qui figurent sur certaines monnaies byzantines sont substituées des lances du prophète de l'islam.

La crise iconoclaste dans l'empire byzantin comporte un enjeu théologique majeur pour les chrétiens qui professent que Dieu s'est fait homme en Jésus : Représenter un homme pour Jésus, n'est-ce pas ignorer sa divinité ? Affirmer représenter la divinité, n'est-ce pas nier son humanité ? Et que faire de la référence scripturaire posant un interdit sur la figuration de Dieu ? Les iconodules apportent une réponse à cette triple interrogation : l'image en tant que tel ne représente pleinement ni la divinité ni l'humanité du Christ, mais l'union des deux « natures ». Cependant, le débat se prolonge au sein de l'Eglise orthodoxe, comme dans la partie occidentale de la Chrétienté, avant de rebondir au moment de la Réforme protestante.

  1. Justinien (483-565) :

    Empereur romain (527-565). Neveu de l'empereur Justin Ier, Justinien assiste son oncle dès 518, avant d'être associé au trône en avril 527. Il lui succède à sa mort en août 527. Doté d'une solide culture classique et d'une grande force de travail, il s'intéresse au droit et à la théologie. Il conduit différentes campagnes militaires qui donnent à l'empire sa plus forte extension au VIe siècle.

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