Sciences et religions à l'époque contemporaine XIXe - XXe siècles

Introduction

Al-Muqtataf est une revue mensuelle spécialisée dans les questions scientifiques. Ses fondateurs, Yaacoub Sarrouf[1] et Fares Nimr[2], sont des membres actifs du cercle intellectuel constitué autour du Collège syrien protestant, ouvert en 1866 avec une classe de 16 étudiants. Cet établissement prendra le nom de l'Université américaine de Beyrouth en 1920. Une telle institution s'inscrit dans les initiatives qui accompagnent le mouvement de la Nahda[3] émergeant autour de Beyrouth, du Caire et d'Alexandrie et touchant les élites de langue arabe. Le choix de la spécialisation est à la fois volontaire et dicté par la contingence. Sous le règne du sultan Abdulhamid II[4], il est plus aisé de publier sur les questions scientifiques que de pratiquer toute autre activité à caractère politique, soumise à un contrôle rigoureux et à la censure. L'idée de traiter des questions scientifiques et industrielles remonte aux années 1860 lorsque les pionniers de la renaissance culturelle prennent la mesure de l'écart croissant avec des puissances telles que la Grande Bretagne et la France organisatrices des premières Expositions universelles.

  1. Yaacoub Sarrouf

    (1852-1927) : intellectuel chrétien né près de Beyrouth. Il étudie au Collège protestant syrien (aujourd'hui AUB : American University of Beirut) avant d'y enseigner. Il est le co-fondateur de la revue Al-Muqtataf, transférée ensuite de Beyrouth au Caire et du journal al-Muqattam, fondé au Caire.

  2. Fares Nimr

    (1856-1951) : intellectuel chrétien né à Hasbaya, dans le Mont-Liban. Il étudie au Collège protestant syrien (aujourd'hui AUB : American University of Beirut) avant d'y enseigner. C'est pour y avoir défendu les thèses de Darwin qu'il est contraint de le quitter. Il est l'auteur d'un roman, Aminat (1908) et de plusieurs traductions. Il est le co-fondateur de la revue Al-Muqtataf, transférée ensuite de Beyrouth au Caire et du journal al-Muqattam, fondé au Caire.

  3. Nahda

    littéralement: « éveil » en arabe. Le terme désigne un ensemble de réformes sur les plans politique, littéraire, artistique, social et religieux, au Moyen-Orient arabe dès la seconde moitié du XIXe siècle, au contact avec l'Europe.

  4. Abdulhamid

    (1842-1918) : sultan ottoman (1876-1909). Il promulgue une constitution en 1876 qu'il abroge dès 1877 et se livre à une politique despotique dans laquelle la censure joue un rôle déterminant. Il prône une idéologie panislamiste dans l'intention de rallier la majorité musulmane et réprime les minorités, notamment les Arméniens. Après la guerre de 1876-1878, sous la pression des puissances européennes qui lui permettent de renégocier un traité avec la Russie, il accepte les décisions du congrès de Berlin qui prévoient un statu quo aux Balkans et se rapproche de l'Allemagne. Les Jeunes Turcs le renverse en 1908 et l'obligent à restaurer la constitution. Mais, défaits en Afrique du Nord et à nouveau dans les Balkans, ils ne tardent pas à mener une politique encore plus répressive.

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