Le Phénix d'après Zakariyā al-Ķazwini

Traduction :

Il est sans le moindre doute le plus grand oiseau qui ait jamais existé, il enlève l'éléphant tout comme le milan enlève la souris. Dans le temps, il ravissait ses proies des maisons et les gens durent subir ses crimes jusqu'au jour où il enleva une mariée qui était en pleine préparation pour son mariage. Le prophète Hanzala le maudit alors et Dieu l'envoya dans une île du grand océan située sous l'Équateur. Nul âme ne pouvait y parvenir mais elle regorgeait par contre d'animaux tel que l'éléphant, la langouste, la buffle, le tigre, le lion ainsi que les oiseaux de proie. L'Anka ne les chassait pas puisqu'ils étaient ses subordonnés. S'il chassait quelque chose, il le mangeait et ramenait le reste aux autres pour qu'ils en mangent. Ses proies se limitaient aux éléphants, aux gros poissons et dragons. S'il n'en voulait plus il leur laissait les restes et aller se percher sur son perchoir et les observait en train de manger. Quand il volait, ses plumes produisaient un son qui ressemblait à un déluge ou plutôt à celui du vent soufflant dans les arbres.

On rapporta aussi l'histoire de commerçants qui avaient relaté leur histoire: nous nous étions perdus dans l'océan et étions tous confus quand soudain l'obscurité totale nous enveloppa tout comme si un nuage noir passait au-dessus de nos têtes. Les marins évoquèrent alors l'Anka. Nous le suivîmes et entrâmes dans cette obscurité. Nous invoquâmes Dieu pour lui et le prièrent de le protéger. Il nous guida et nous mit sur le bon chemin pour disparaître ensuite. Ils mentionnèrent aussi que l'Anka vit mille sept cents ans et son accouplement prend lieu à l'âge de cinq cents ans. La femelle éprouve de grandes douleurs au moment de pondre, le mâle ramène de l'eau de la mer dans son bec et la lui injecte, c'est à ce moment-là que l'œuf sort. C'est le mâle qui couve l'œuf tandis que la femelle s'en va chasser. L'œuf éclot cent vingt-cinq ans plus tard et quand que le petit grandit, s'il est une femelle, la femelle de l'Anka rassemble du bois et le mâle l'allume avec son bec, alors la femelle entre dans le feu pour se brûler. Le petit restera la femelle du mâle mais si le petit est un mâle c'est au tour du mâle d'effectuer ce rituel pour que le petit reste le mâle de la femelle. Des choses encore plus étranges furent rapportées sur l'Anka mais comme elles ne se basaient pas sur quelqu'un de fiable nous nous contentons de cela.

Zakariya al-Qazwini, Kitab 'aja'eb al-makhloukat wal hayawanat mghara'eb al-mawjoudat (Merveilles des choses créés et faits miraculeux des choses existantes), T.II, Beyrouth, Dâr al afaq al-jadida, 1973, p. 456 – 457.

ImprimerImprimer