Le Phénix d'après Pline (1)

L'Inde et l'Éthiopie produisent surtout des oiseaux de couleurs très diverses, et tels qu'on ne saurait les décrire. Le plus célèbre de tous naît dans l'Arabie : c'est le phénix, si toutefois son existence n'est pas une fable (XIII, 9) ; il est unique dans l'univers entier, et on ne l'a pas vu souvent. On lui donne la taille de l'aigle, un plumage éclatant comme l'or autour du cou ; du reste, pourpre, une queue d'azur entremêle de plumes roses, des crêtes sous la gorge, et une huppe qui pare sa tête. Le premier parmi les Romains qui en ait parlé, et le plus exact, est Manilius, ce sénateur si célèbre par les connaissances qu'il ne devait qu'à lui seul : il dit que personne ne l'a vu mangeant ; qu'en Arabie il est consacré au Soleil ; qu'il vit cinq cent neuf ans ; que vieillissant il se construit un nid avec des branches de cannelle et d'encens ; qu'il le remplit de parfums, et qu'il meurt dessus ; que de ses os et de sa moelle il naît d'abord une sorte de vermisseau qui devient un jeune oiseau ; que d'abord il rend les honneurs funèbres à son prédécesseur ; qu'il porte le nid tout entier près de la Panchaïe (VII, 57), dans la ville du Soleil, et qu'il le dépose sur un autel. Le même Manilius expose que la révolution de la grande année s'accomplit avec la vie de cet oiseau ; qu'alors une nouvelle période, avec les mêmes caractères, s'ouvre pour les saisons et les astres, et qu'elle commence à midi le jour où le soleil entre dans le signe du Bélier.

Il ajoute que cette période était à sa deux cent quinzième année sous le consulat de P. Licinius et de Cn. Cornelius (XXX, 3) (an de Rome 657), moment où il écrivait. Cornelius Valérianus a rapporté que le phénix passa en Égypte, sous le consulat de Q. Plautius et de Sex. Papinius (an de Rome 789). Cet oiseau fut apporté à Rome pendant la censure de l'empereur Claude, l'an 800 de Rome, et on l'exposa dans les comices, ce qui est attesté par les Actes; mais personne ne doute que ce ne fût un faux phénix.

Pline l'Ancien, Histoire Naturelle, X, II, 1 - 2, édition d'Emile Littré, Paris, Dubochet, 1848 – 1850.

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