Le phénix comme symbole universel de mort et de renaissance

Le Phénix dans les sources chrétiennes

Les Pères de l'Eglise[1] se sont appuyés sur les pensées religieuses antérieures pour débattre avec les philosophes polythéistes et pour convaincre leurs contemporains de se convertir au christianisme. Clément de Rome[2], quatrième évêque de Rome après saint Pierre, a fait référence à la légende du Phénix. Dans les Lettres aux Corinthiens qui lui sont attribuées, l'auteur incite les croyants et les fidèles à préparer leur avenir eschatologique à l'image du « Christ ressuscité ». Il ajoute que « les résurrections » entrent dans un cycle universel conçu comme la providence de la résurrection : la succession répétée du jour et de la nuit ; les fruits tout secs et nus qui tombent et reviennent de nouveau à la vie. Puis il montre les différentes manifestations liées au Phénix. Au chapitre XXV, figure l'allusion à un prodige qui s'opère dans les contrées de l'Orient où apparaît un oiseau appelé le Phénix, seul de son espèce et vivant cinq cents ans : « A l'approche de sa fin, il construit avec de l'encens, de la myrrhe et autres aromates, un cercueil où il pénètre, pour y mourir au moment prévu. De sa chair en putréfaction naît un ver, qui se nourrit de la pourriture de l'oiseau mort et se couvre de plumes ; puis, devenu fort, il soulève le cercueil où reposent les os de son ancêtre et avec ce fardeau il passe d'Arabie en Egypte, jusqu'à la ville d'Héliopolis. Là en plein jour, aux yeux de tous, il va en volant le déposer sur l'autel du soleil ; après quoi, il prend son vol pour le retour. Alors les prêtres, consultant leurs annales, constatent qu'il est venu au terme de cinq cents ans révolus ».

La structure de l'histoire du Phénix est proche des récits des auteurs classiques. Mais, ici, la figure est utilisée pour établir une relation avec la «  personne  » du Christ, considérée unique en son genre, supérieure à tout homme, possédant des dons et des qualités qu'aucun être humain ne peut avoir sur la terre. A travers cette analogie, l'auteur s'exprime sur le dogme de la « Résurrection » : Jésus est le vivant, éternel, à l'image du Phénix. Il utilise, comme le font tous les Pères de l'Eglise, des symboles connus pour rendre la figure du Christ plus proche aux non chrétiens : « Homme et Dieu » ; « mort et ressuscité ». Le fait intéressant est que, postérieurement, les auteurs qui ne s'inscrivent pas dans le christianisme, ne font plus référence à cette dimension de mort et de résurrection lorsqu'ils évoquent le Phénix.

  1. Pères de l'Eglise

    Théologiens qui, les premiers, ont expliqué et aidé à définir le contenu de la foi chrétienne. Ils participent directement ou indirectement aux premiers conciles. Ils s'appliquent à fixer les termes des dogmes chrétiens (Trinité, Incarnation, Résurrection) face à leurs adversaires non chrétiens (juifs, polythéistes) ou venus du christianisme mais exclus lorsqu'ils refusent ces dogmes.

  2. Clément de Rome (Ier siècle apr. J.-C.)

    Quatrième évêque de Rome, selon la liste établie par Irénée de Lyon en 180. Il siège de 88 à 97, selon la chronologie d'Eusèbe de Césarée composée au IVe siècle. Dans la tradition chrétienne, il est considéré comme l'un des pères apostoliques et, depuis le IIe siècle, deux épîtres anonymes, adressés à la communauté chrétienne de Corinthe, lui sont attribuées.

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