Calvin, Institution de la religion chrétienne (éd. française de 1560)

Cet extrait est tiré de la dernière page de l'Institution. L'édition citée ici (Genève, Labor et Fides, 1958 ; reprise par les Editions Kerygma, 1978), modernise quelque peu le texte de Calvin. Afin d'en faciliter la lecture, quelques expressions ou termes désuets sont expliqués entre crochets.

Mais en l'obéissance que nous avons enseignée être due aux supérieurs, il doit toujours y avoir une exception, ou plutôt une règle qui est à garder avant toutes choses : c'est qu'une telle obéissance ne nous détourne point de l'obéissance à celui [c'est-à-dire Dieu] sous la volonté duquel il est raisonnable que tous les édits des rois se contiennent, et que tous leurs commandements cèdent à son ordonnance, et que toute leur hautesse soit humiliée et abaissée sous sa majesté. Pour dire vrai, quelle perversité serait-ce, afin de contenter les hommes, d'encourir l'indignation de celui pour l'amour duquel nous obéissons aux hommes ? Le Seigneur donc est Roi des rois, lequel, incontinent [= aussitôt] qu'il ouvre sa bouche sacrée, doit être sur tous [= au-dessus de tous], pour tous et devant tous [= avant tous, en priorité] écouté. Nous devons puis après [= ensuite, en second lieu] être sujets aux hommes qui ont prééminence sur nous, mais non autrement qu'en lui. S'ils viennent à commander quelque chose contre lui, cela nous doit être de nulle estime ; et il ne faut avoir en cela aucun égard à toute la dignité des supérieurs, à laquelle on ne fait nulle injure quand elle est soumise et rangée sous la puissance de Dieu, qui est seule vraie au prix des autres.

Tiré de l'Institution, livre IV, ch. 20, § 32, éd. cit., p. 480.

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