La théorie du pouvoir durant le mandat de Fakhr-al-Din (d'après les chroniques d'Ahmad al-Khalidi al-Safadi et du Patriarche Estephan al-Douaihy)

Glossaire

A-D
Capucin

1626 est une année décisive pour les missions des capucins en Orient, religieux qui s'inscrivent dans l'héritage de François d'Assise. Partis de Constantinople, ils s'installent à Beyrouth près des halles du Souk Nourié, dans une vieille masure appartenant aux maronites. D'abord chapelains des « Francs » (du nom donné à ceux qui viennent d'Europe), ils trouvent bientôt à la tête d'un grand établissement. Fakhr al-Din exprime sa volonté que celui-ci soit un collège et non un séminaire. La paroisse est organisée en 1631, le père Adrien de la Brosse en devient le premier curé.

Cheikhs

Chef de la tribu. Étymologiquement, le terme signifie l' « ancien » ayant acquis expérience et savoir, ce qui correspond notamment à des milieux marqués par la transmission orale.

Druzes

Adeptes d'une doctrine chiite, dérivée de l'ismaïlisme et dotée de textes de références spécifiques. Ils s'organisent sous le régime des Fatimides, au XIe siècle. L'ésotérisme de l'enseignement s'articule autour du calife al-Hakim identifié à l'intellect universel ou 'aql. Les premiers personnages qui prêchent la nouvelle doctrine sont Anushtegin al Darazi (d'où le terme « druzes »), Turc, et Hamza ibn ‘Ali d'origine perse. La mort du calife en 1021 a pour résultat de faire disparaître d'Egypte le mouvement qui se répand auprès des paysans du mont Hermon. Les druzes constituent une communauté fermée, ayant leurs coutumes propres. La communauté divisée en « sages » (uqqal-s) et en « ignorants », les premiers étant tenus d'observer sept commandements. Les druzes conservent certains éléments du culte musulman, mais ils tiennent des réunions secrètes dans des lieux de culte particuliers. Ils attendent la réapparition d'al-Hakim et de Hamza qui doivent établir la justice en ce monde. Les druzes se développent surtout au Mont-Liban où quelques familles telles que les Tannoukhs-Buhturs s'installent sur les hauteurs de Beyrouth et s'illustrent dans la lutte contre les Francs. Les Maan établissent une réelle dynastie avec l'avènement des Ottomans, agrègent les familles notables telles que les Joumblatt, les Arslan, instituent un émirat au Liban et dans certaines régions limitrophes et associent les chrétiens aux besognes du régime. Sous les Chehab, les familles notables gardent leur pouvoir sur leurs districts devenus mixtes. Le conflit égypto-ottoman et l'ingérence des puissances européennes rompent l'entente entre les druzes et les maronites et amènent la chute de l'émirat en 1840. Une partie de la communauté s'installe au Hauran en Syrie au XIXe siècle et parvient à tenir tête aux Turcs à la veille de la première guerre mondiale et au mandat français entre 1925-1927. Elle donne son nom à la région qui s'appelle Jabal al-Duruz et joue un rôle déterminant à chaque tournant de l'histoire de la Syrie. Une autre communauté se développe en Palestine et pactise avec l'Etat d'Israël où les druzes sont seuls mobilisables parmi les Arabes dans l'armée. Les trois communautés ont leur propre hiérarchie spirituelle avec une reconnaissance de la primauté libanaise et entretiennent entre elles et avec la diaspora une solidarité exemplaire.

E-M
Emir

Prince, titre qui dérive du verbe arabe amara qui veut dire « commander », « ordonner ». Il est attribué, dans les systèmes tribaux, au chef du groupe (tribu, mouvement religieux). Mais le sens prend de nombreuses facettes : « Amir Al Mouminin » qui désigne le chef spirituel et politique des musulmans, le défenseur de la foi musulmane. Emir est la fonction la plus élevée au sein d'une province de l'Empire ottoman. L'émir assure, directement ou indirectement, la sécurité générale, dirige l'administration, gère les finances. Vassal de la Porte, il lui paie un tribut annuel représentant les impôts prélevés sur les habitations de l'émirat, sans distinction d'ordre confessionnel ou clanique.

Evêques

Le terme « évêque » est issu du gallo-romain episcu, forme raccourcie du mot latin episcopus, lui-même adapté du grec Eπίσκοπος / episkopos qui veut dire « surveillant », c'est-à-dire modérateur, tuteur, responsable d'une organisation. C'est un ecclésiastique qui dirige un diocèse. Avant le christianisme, le terme était utilisé pour désigner toutes sortes d'administrateurs dans les domaines civil, financier, militaire, judiciaire.

Maronites

Chrétiens qui se rattachent à Saint Maron situé au IVe-Ve siècles et considéré comme le fondateur et maître spirituel d'un groupe d'ermites établis dans la vallée de l'Oronte. Après sa mort (vers 410) les maronites vécurent dans l'entourage d'un monastère perpétuant son enseignement et son souvenir. Entre 702 et 742, les maronites prennent l'initiative d'élire leur propre patriarche au siège d'Antioche : Jean Maron. Ce moine est considéré comme le véritable fondateur de l'Eglise maronite. Les maronites condamnés par les Byzantins (chalcédoniens) et les Syriaques (monophysites), perdent la protection de Byzance dont les troupes massacrent, selon les traditions maronites, plusieurs centaines de leurs moines. Le patriarche Jean Maron entreprend alors de se réfugier au Mont-Liban. Au XIe siècle, la majorité des maronites est installée dans les vallées montagneuses du nord. A partir du XIIe siècle, l'Église maronite se trouve en pleine communion avec Rome : son patriarche assiste au IVe concile de Latran, en 1215. Ce lien est renforcé par la création, au XVIe siècle, du collège maronite de Rome. A l'époque contemporaine, la communauté maronite agit en faveur de la création de l'Etat du Liban et y exerce un rôle majeur bien qu'affaibli après 1989. Elle bénéficie du soutien d'une forte diaspora.

Muqaddam

Littéralement, celui qui est « mis en avant ». Le mot désigne un chef, par exemple d'une troupe ou d'un navire. A l'époque de l'émirat (1516-1840), le muqaddam est nommé par l'émir comme un chef d'un territoire donné afin qu'il collecte l'impôt.

N-T
Patriarche

Patriarche est un titre utilisé dans un certain nombre d'Églises chrétiennes, dont l'Église catholique romaine, les Églises orthodoxes et les Églises orientales. Certaines Églises orientales utilisent aussi le titre de catholicos. Le terme provient du grec ancien πατριάρχης patriarkhês, qui signifie « père, chef de famille ». Dans l'Eglise catholique romaine, les patriarches couvraient l'Empire romain, alors que les catholicos désignaient ceux qui résidaient dans des territoires hors de l'Empire (en Arménie et en Mésopotamie notamment). Par analogie avec les termes de l'Ancien Testament, le titre a été utilisé jusqu'au Ve siècle comme synonyme pour « évêque ». Néanmoins il désignait déjà les titulaires d'une autorité plus importante. Les trois premiers patriarcats sont ceux de Rome, d'Antioche et d'Alexandrie. Au concile de Chalcédoine (451) sont créés les patriarcats de Jérusalem et de Constantinople, ce dernier n'étant reconnu par le pape qu'en 1215. C'est néanmoins à partir de ce concile qu'il est possible de parler officiellement de patriarcat et même de Pentarchie : les cinq Églises patriarcales de l'Église chrétienne, au premier millénaire de son histoire.

Sandjak

Unité administrative constituant la base d'un vilayet ottoman ; elle est dirigée par un « sandjakbey » qui dispose de l'autorité militaire et civile.

Taqiyya

Prudence, crainte, forme de réserve ou de dissimulation (Kitman) permettant de ne pas affirmer sa conviction en situation de danger. Pour des juristes musulmans, la taqiyya peut prendre appui dans le texte coranique (par exemple XVI, 106) et dans le Hadith ; pour d'autres juristes, elle est inacceptable si elle consiste à tromper d'autres musulmans. Cette pratique est historiquement significative chez les chiites et chez les kharijites, avec pour justification le souci d'éviter un martyre considéré comme stérile face à un pouvoir musulman (le plus souvent sunnite) ou non-musulman (le plus souvent chrétien). Sous sa forme la plus connue, la taqiyya est une pratique qui consiste à dissimuler son appartenance à un groupe religieux et à pratiquer en secret sa religion dans le but spécifique d'échapper à des persécutions. La dissimulation peut être passive (en se cachant), ou active (allant jusqu'à feindre les us et coutumes religieuses des ennemis). Dans le cas de l'émirat de Fakhr al-Din, la taqiyya « politique » a été invoquée dans la mesure où il est considéré comme un druze par beaucoup tout en se comportant comme un sunnite vis-à-vis des Ottomans notamment.

U-Z
Uléma

Savant au sens de « spécialiste des sciences religieuses » musulmanes, ils peuvent parfois être désignés sous le titre de « docteurs de la loi musulmane ».

Uqqal-s

Au sein de la communauté druzes, ce sont les « sages » ou « initiés », par opposition aux juhhal-s, les « ignorants ». Les uqqal-s sont tenus d'observer les sept « commandements » druzes, distincts des cinq « piliers » observés par les sunnites et les chiites.

Vilayet ou wilaya

Province ottomane dirigée par un gouverneur (walî) nommé par le sultan.

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