Les réfugiés perçus comme un bienfait

Qu'on se représente maintenant les effets de la concentration soudaine dans ce petit pays, de plusieurs milliers d'hommes unis par les principes les plus fermes et les plus féconds en religion et en politique. Ces hommes étaient d'excellents industriels, des financiers incorruptibles, des personnes avancées dans la culture intellectuelle, des pasteurs et des troupeaux abandonnant tout plutôt que de renier leur foi. Poussés par la dernière, la plus générale et la plus longue des persécutions religieuses vers la Suisse romande qui se les assimile promptement, les Français ne formèrent bientôt qu'une seule famille avec ces populations dépositaires des principes de la réforme, au milieu desquelles ils trouvèrent une patrie, et en retour exercèrent à divers égards une salutaire influence. En effet, les dix ou douze mille familles qui s'établirent définitivement dans cette vallée, donnèrent la plus énergique impulsion à tous les ressorts de la société suisse.

Jean GABEREL, Les Suisses romands et les réfugiés de l'Edit de Nantes. Lu à l'Académie des sciences morales et politiques, Paris, 1860, p. 22-23 (extraits du paragraphe 3, intitulé « Influence sociale des réfugiés de l'Edit de Nantes sur la Suisse romande »).

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